Page:Plotin - Ennéades, t. I.djvu/496

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
355
PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE I.

dans ce passage, mais encore dans les paragraphes précédents, 7, 8, 10, p. 44, 47.

Enfin, dans le § 10 du livre iv, p. 85, Plotin définit la réflexion dans ces termes :

« La perception [de l’activité de l’intelligence et de la raison discursive] paraît ne pouvoir naître que lorsque la pensée se replie sur elle-même, et que le principe dont l’activité constitue la vie de l’âme retourne pour ainsi dire en arrière et se réfléchit[1], comme l’image d’un objet placé devant un miroir se reflète dans sa surface polie et brillante[2]. »

Bossuet s’exprime à peu près de même :

« On distingue entre les pensées de l’âme qui tendent directement aux objets, et celles où elle se retourne sur elle-même et ses propres opérations par cette manière de penser qu’on appelle réflexion. Cette expression est tirée des corps, lorsque, repoussés par d’autres corps qui s’opposent à leur mouvement, ils retournent, pour ainsi dire, sur eux-mêmes. » (Connaissance de Dieu et de soi-même, chap. I, § 12.)

§ III. RAPPORTS DE L’ÂME AVEC LE CORPS.

À la théorie des facultés de l’âme se rattachent deux questions étroitement liées ensemble :

1° Quels sont les rapports de l’âme avec le corps ?

2° Qu’est-ce que la nature animale ?

La seconde question est seule traitée explicitement dans le livre i, dont elle forme l’objet principal. Mais, comme elle n’est pour Plotin qu’un corollaire de la première, ainsi que nous l’expliquons plus

  1. Dans ce même passage, Plotin ajoute cette observation remarquable où il oppose l’attention à la réflexion : « Il nous arrive souvent, pendant que nous sommes éveillés, de faire des choses louables, de méditer et d’agir, sans avoir conscience de ces opérations au moment où nous les produisons. Quand, par exemple, on fait une lecture, on n’a pas nécessairement conscience de l’action de lire, surtout si l’on est fort attentif à ce qu’on lit. Celui qui exécute un acte de courage ne pense pas non plus, pendant qu’il agit, qu’il agit avec courage. Il en est de même dans une foule d’autres cas ; de sorte qu’il semble que la conscience qu’on a d’un acte en affaiblisse l’énergie, et que, quand l’acte est seul (sans conscience), il soit dans son état de pureté et ait plus de force et de vie. »
  2. Cette comparaison est empruntée à Platon, Lois, X.