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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

rant pas d’elle[1] et n’étant pas non plus séparées entre elles : car chacune d’elles est toutes les autres, est tout et partout, quoiqu’elle ne se confonde pas avec les autres et qu’elle en reste distincte. »

Bossuet, dans la Connaissance de Dieu et de soi-même (chap. IV, § 6, 8), s’exprime dans des termes analogues :

« Dès là que notre âme se sent capable d’entendre, d’affirmer et de nier, et que d’ailleurs elle sent qu’elle ignore beaucoup de choses, qu’elle se trompe souvent ; elle voit à la vérité qu’elle a un bon principe, mais elle voit aussi qu’il est imparfait et qu’il y une Sagesse plus haute à qui elle doit son être. Nous connaissons donc par nous-mêmes et par notre imperfection qu’il y a une Sagesse infinie, qui ne se trompe jamais, qui ne doute rien, qui n’ignore rien, parce qu’elle a une pleine compréhension de la Vérité ou plutôt qu’elle est la Vérité même... Par là donc la Vérité et l’Intelligence ne font qu’un, et il se trouve une Intelligence, c’est-à-dire Dieu, qui étant aussi la Vérité même, est elle-même son unique objet.... L’intelligence et l’objet, en moi, peuvent être deux ; en Dieu, ce n’est jamais qu’un. Car il n’entend que lui-même, et il entend tout en lui-même, parce que tout ce qui est, et n’est pas lui, est en lui comme dans sa cause. »

Fénelon dit aussi au sujet de l’Intelligence divine :

« Le même Dieu, qui me fait penser, n’est pas seulement la cause qui produit ma pensée ; il en est encore l’objet immédiat ; il est tout ensemble infiniment intelligent et infiniment intelligible. Comme intelligence universelle, il tire du néant toute actuelle intellection ; comme infiniment intelligible, il est l’objet immédiat de toute intellection actuelle... Cet être qui est infiniment voit, en montant jusqu’à l’infini, tous les divers degrés auxquels il peut communiquer l’être. Chaque degré de communication possible constitue une essence possible qui répond à ce degré d’être qui est en Dieu indivisible avec tous les autres. » (De l’Existence de Dieu, 2e partie, chap. 4.)

Nous avons déjà cité (p. 255, fin de la note) un passage de saint Augustin où l’on trouve la même pensée.

La distinction établie par Plotin entre l’Intelligence divine et l’intelligence humaine, se trouve encore dans le § 8 du livre 1, p. 44 :

« Dans quel rapport sommes-nous avec l’Intelligence ? J’entends parler ici, non de la forme que l’intelligence donne à l’âme, mais de l’Intelligence absolue elle-même. Elle est au-dessus de nous, mais

  1. Voy. Enn. II, liv. ix, § 1, p. 260.