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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Telle est l’intelligence qui est séparée, impassible, sans mélange avec quoi que ce soit, et qui par son essence est en acte… Mais ce n’est point lorsque tantôt elle pense, et tantôt elle ne pense pas, c’est seulement quand elle est séparée que l’intelligence est vraiment ce qu’elle est ; et cette intelligence seule est immortelle et éternelle[1]. » (De l’Âme, III, 4, 5 ; p. 293-304 de la trad.)

Comme Aristote, Plotin dit que l’intelligence est impassible, immatérielle, séparée du corps, immortelle (liv. i, § 2, 4, 9, 10, p. 37, 40, 46, 47, etc.).

Comme lui, il distingue dans l’intelligence l’acte de la puissance quand il dit (liv. i, § 11, p. 48) :

« Dans l’enfance, les facultés qui appartiennent au composé s’exercent, mais le principe supérieur nous illumine rarement d’en haut. Quand il est inactif par rapport à nous, il dirige son action vers le monde intelligible ; il commence à être actif relativement à nous lorsqu’il s’avance jusqu’à la partie moyenne de notre être [la raison discursive et l’imagination]. Mais le principe supérieur n’est-il pas nôtre aussi ? Oui, sans doute : mais il faut que nous en ayons conscience : car nous n’usons pas toujours de tout ce que nous possédons. Or nous en usons quand nous dirigeons la partie moyenne de notre être [la raison discursive avec l’imagination] soit vers le monde supérieur, soit vers le monde inférieur, quand


    même soit indépendante de la matière, et qui ne tienne à aucun organe corporel. Il n’y a donc proprement d’opération spirituelle en nous que l’opération intellectuelle. Les opérations sensitives ne s’appellent point de ce nom, parce qu’en effet nous les avons vues tout à fait assujetties à la matière et au corps. Elles servent à la partie spirituelle, mais elles ne sont pas spirituelles… Ainsi la spiritualité commence en l’homme où la lumière de l’intelligence et de la réflexion commence à poindre, parce que c’est là que l’homme commence à s’élever au-dessus du corps ; et non-seulement à s’élever au-dessus, mais encore à le dominer et à s’attacher à Dieu, c’est-à-dire au plus spirituel et au plus parfait de tous les objets. » (Bossuet, ibidem, chap. V, § 13.)

  1. « Par notre entendement, nous apercevons des vérités éternelles, claires et incontestables. Nous savons qu’elles sont toujours les mêmes, et nous sommes toujours les mêmes à leur égard, toujours également ravis de leur beauté et convaincus de leur certitude : marque que notre âme est faite pour les choses qui ne changent pas, et qu’elle a en elle un fond qui aussi ne doit pas changer… Que si ces vérités éternelles sont l’objet naturel de l’entendement humain par la convenance qui se trouve entre les objets et les puissances, on voit quelle est sa nature, et qu’étant né conforme à des choses qui ne changent point, il a en lui un principe de vie immortelle. » (Bossuet, ibidem, chap. V, § 14.)