Page:Plotin - Ennéades, t. I.djvu/470

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE I.

point mise, comme elle le faisait, au-dessus de tout ce qui est sujet à changer, si elle n’en avait eu quelque idée ; et enfin je parvins à découvrir ce qui est souverainement. » (Confessions, VII, 17.)

5. Rapports de l’âme humaine avec les trois hypostases divines.

Dans le § 8 du livre i (p. 44), Plotin indique très-brièvement les rapports de l’âme humaine avec les trois hypostases divines, l’Un, l’Intelligence divine, l’Âme universelle. Sa pensée peut se formuler ainsi :

Notre être est l’image des trois hypostases divines :

Par l’unité qui fait le fond de notre être, nous nous rattachons à l’Un, nous subsistons en lui ;

Par notre intelligence, nous sommes en communication perpétuelle avec l’Intelligence divine qui nous éclaire (p. 346, 348) ;

Par notre âme, nous avons une essence conforme à l’essence de l’Âme universelle, essence qui est indivisible parce qu’elle fait partie du monde intelligible, et divisible parce qu’elle est présente dans tout le corps qu’elle fait vivre. Nous avons ainsi en nous deux parties, l’âme raisonnable et l’âme irraisonnable, qui correspondent aux deux parties de l’Âme universelle, la Puissance principale et la Puissance naturelle et génératrice.

Ces idées sont développées dans le passage suivant qui peut servir de commentaire au § 8 :

« S’il y a dans la nature trois principes, comme nous venons de le dire, l’Un, l’Intelligence, l’Âme universelle, il doit y avoir aussi en nous trois principes. Je ne veux pas dire que ces trois principes soient dans les choses sensibles : car ils en sont séparés, ils sont hors du monde sensible, comme les trois principes divins sont hors de la sphère céleste, et ils constituent l’homme intérieur, selon l’expression de Platon. Notre âme est donc quelque chose de divin : elle a une nature autre [que la nature sensible] et telle que celle de l’Âme universelle. Or toute âme parfaite possède l’intelligence ; mais il y a l’intelligence qui raisonne [la raison discursive], et l’intelligence qui fournit les principes du raisonnement [l’intelligence pure].... Puisque l’âme raisonnable porte des jugements sur le juste et le beau et décide si tel objet est beau, si telle action est juste, il doit y avoir une justice et une beauté immuables, d’où la raison discursive tire ses principes ; sinon, comment pourrait-elle raisonner ? Si l’âme tantôt raisonne sur la justice et sur la beauté, tantôt ne raisonne pas sur ces choses, il faut que nous ayons en nous l’Intelligence qui ne raisonne pas, mais qui possède toujours