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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


§ II. FACULTÉS DE L’ÂME.

A. Doctrine de Plotin.

Dans le livre I de l’Ennéade I, Plotin nomme les facultés qu’il reconnaît dans l’âme humaine ; mais il n’en définît pas les fonctions et il ne les classe pas avec assez de clarté pour qu’on puisse suivre aisément le fil de la discussion. Nous allons suppléer à cette omission autant qu’il nous est possible, et indiquer dans quels passages de l’auteur on trouvera les développements que leur étendue ne nous permet pas de placer ici.

Plotin, tout en admettant l’unité et la simplicité de l’âme, y distingue trois principes qui procèdent l’un de l’autre dans cet ordre :

L’Intelligence, νοῦς,
L’Âme raisonnable, ψυχὴ λογιϰὴ,
L’Âme irraisonnable, ψυχὴ ἄλογος


qu’il nomme aussi l’Âme sensitive, imaginative, végétative, ψυχὴ αἰσθητιϰή, φανταστιϰή, φυτιϰή, la nature animale, σπερματϰὸς λόγος.

Selon que nous exerçons et que nous développons le premier, le second ou le troisième principe, nous vivons de la vie intellectuelle, de la vie rationnelle ou de la vie sensitive et animale (Enn. VI, liv. vii, § 4-7) : la première nous élève à la nature divine ; la seconde est notre vie propre, parce que l’âme raisonnable est l’homme même ; la troisième nous fait descendre à la nature animale[1] (t. I, p.43-50, 59, 75, 111, 177, 187).

Chacun des trois principes a plusieurs puissances ou facultés, δυνάμεις, nommées aussi formes, εἴδη, raisons, λόγοι (t. I, p. 230, 240).

1. Âme irraisonnable.

L’Âme irraisonnable ou Nature animale, la première qui se développe en nous, possède les facultés dont l’exercice exige le concours des organes (t. I, p. 43-46, 178-183 ; Enn. IV, liv. iii, § 19) :

La puissance végétative et nutritive, τὸ φυτιϰὸν ϰαὶ αὐξητιϰὸν ϰαὶ θρεπτιϰόν (Enn. IV, liv. iii, § 23, liv. iv, § 28). Elle ne fait qu’une seule et même chose avec la puissance génératrice, τὸ γεννητιϰόν[2] (Enn. IV,

  1. Voy. plus loin les Notes sur les livres ii et iv.
  2. Voy. plus loin la page 331, et les extraits du Commentaire de Ficin.