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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

façonnent et qui forment les animaux (t. I, p. 46, 48, 101, 150, 163, 184, 191-193, 306, 309).

Macrobe, qui a beaucoup emprunté à Plotin pour composer son Commentaire sur le songe de Scipion, résume assez fidèlement dans cet ouvrage (I, 14) la théorie des trois hypostases divines :

« Deus, qui prima causa est et vocatur, unus omnium, quæque sunt, quæque videntur esse, princeps et origo est. Hic superabundanti majestatis fecunditate de se Mentem creavit. Hæc Mens, quæ νοῦς vocatur, qua Patrem inspicit, plenam similitudinem servat auctoris ; Animam vero de se creat, posteriora respiciens. Rursus Anima partem quam intuetur induitur, ac, paulatim regrediente respectu in fabricam corporum, in corporea ipsa degenerat. Habet ergo et purissimam ex Mente, de qua est nata, rationem quod λογιϰὸν vocatur ; et ex sua natura accipit prœbendi sensus prœbendique incrementi seminarium : quorum unum αἰσθητιϰὸν alterum φυτιϰὸν nuncupatur. Sed ex his primum, id est λογιϰὸν, quod innatum sibi ex Mente sumpsit, sicut vere divinum est, ita solis divinis aptum ; reliqua duo, αἰσθητιϰὸν et φυτιϰὸν, ut a divinis recedunt, ita convenientia sunt caducis. Anima ergo creans condensque corpora, ex illo mero ac purissimo fonte Mentis, quem nascendo de originis suæ hauserat copia, corpora illa divina vel supera, cœli dico et siderum, quæ prima condebat, animavit. »

Pour compléter cet éclaircissement sommaire sur la théorie des trois hypostases principales, et pour prévenir la confusion qui a été faite quelquefois entre la Trinité des Néoplatoniciens et la doctrine chrétienne de la Trinité (p. 257, note 2), nous donnerons l’opinion de saint Augustin sur cet important sujet :

« Qu’entend Porphyre par ses Principes ? Dans la bouche d’un philosophe platonicien, nous savons ce que cela signifie : Il veut désigner Dieu le Père d’abord, puis Dieu le Fils, qu’il appelle la Pensée ou l’Intelligence du Père ; quant au Saint-Esprit, il n’en dit rien, ou ce qu’il en dit n’est pas clair : car je n’entends pas quel est cet autre principe qui tient le milieu, suivant lui, entre les deux autres. Est-il du sentiment de Plotin, qui, traitant des Trois hypostases principales[1], donne à l’Âme le troisième rang ? Mais alors il ne dirait pas que la troisième hypostase tient le milieu entre les deux autres, c’est-à-dire entre le Père et le Fils. En effet, Plotin place l’Âme

  1. C’est le titre du livre i de l’Ennéade V, livre qui est un des plus importants et des plus beaux de Plotin. Ce que saint Augustin dit ici des Trois hypostases principales est fort exact : si, par ignorance de la langue grecque, il n’a pu lire le texte même de ce livre, il se l’est au moins fait expliquer.