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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Bien que renfermant plusieurs fables, qui paraissent avoir été imaginées dans le but de faire passer Plotin pour un personnage divin, cette Vie de Plotin est un monument précieux. En même temps qu’elle nous fournit sur la vie et les travaux du chef de l’école néoplatonicienne un grand nombre de détails intéressants, que nous n’avons aucune raison de suspecter, elle nous donne une idée du goût littéraire et des dispositions morales de l’époque, ainsi que de la crédulité avec laquelle les faits merveilleux étaient alors accueillis chez les païens.

Cette vie est d’ailleurs le seul document original que nous possédions, non-seulement sur la vie de Plotin, mais sur l’histoire du Néoplatonisme à cette époque. Eunape et Suidas ont, il est vrai, consacré des notices à Plotin, mais ces notices, aussi insignifiantes que courtes, n’ajoutent presque rien à ce que nous apprend Porphyre, comme il sera facile d’en juger par la traduction que nous en donnons ci-après ; la notice de Suidas ne pourrait même qu’égarer. L’impératrice Eudoxie, dans ses Ionia (c’est-à-dire Champ de violettes), ouvrage public par Villoison dans ses Anecdota grœca, consacre aussi quelques lignes à Plotin, mais elle ne fait qu’abréger Porphyre, dont elle cite le plus souvent les termes mêmes.


NOTICE D’EUNAPE
(Extraite des Vies des Philosophes).

« Le philosophe Plotin était d’Égypte ; pour préciser, j’ajouterai qu’il avait pour patrie la ville de Lycopolis. Ce fait n’a pas été rapporté par le divin philosophe Porphyre, quoiqu’il ait été, comme il le dit lui-même, l’élève de Plotin et qu’il ait passé près de lui une grande partie de sa vie.

Les autels de Plotin ne sont pas encore refroidis, et non-seulement ses livres sont plus étudiés des savants que ceux mêmes de Platon, mais encore la multitude, bien qu’incapable de comprendre parfaitement sa doctrine, y conforme cependant sa conduite.

Porphyre a rapporté tous les détails de la vie de ce philosophe, de telle sorte qu’on n’y peut rien ajouter ; il semble en outre avoir suffisamment expliqué beaucoup de ses écrits. »


Cette notice, on le voit, n’ajoute qu’un seul détail à la Vie écrite par Porphyre : c’est le nom de la patrie de Plotin. Quant à l’assertion que contient la dernière phrase, c’est une allusion non-seulement aux Ἀφορμαὶ πρὸς τὰ νοητά de Porphyre, mais encore aux ouvrages composés par ce philosophe pour expliquer la doctrine de