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LIVRE NEUVIÈME.

pourquoi ? Que lui est-il arrivé ? Est-ce qu’il était nourri par la maladie ? En ce cas, la maladie était autre chose que le démon. S’il entre sans qu’il y ait de cause de maladie, pourquoi celui dans le corps duquel il entre n’est-il pas toujours malade ? S’il entre dans un corps quand il y a déjà une cause naturelle de maladie, en quoi contribue-t-il à cette maladie ? Cette cause suffit pour produire la fièvre. Il est ridicule d’admettre que la maladie ait une cause, et que, dès que cette cause agit, il y ait un démon tout prêt à venir la seconder.

On doit maintenant voir clairement quelle est la nature des assertions que débitent les Gnostiques et dans quel but ils les soutiennent. C’est pour faire connaître leurs prétentions que nous avons mentionné ce qu’ils disent des démons. Je vous laisse à critiquer vous-mêmes les autres opinions des Gnostiques en lisant leurs livres. Rappelez-vous toujours que notre système de philosophie comprend, outre les autres biens, la simplicité des mœurs, la pureté de l’intelligence, et qu’il recommande, au lieu d’une vaine jactance[1], le soin de sa dignité, une confiance en soi-même pleine de raison, de prudence, de retenue, de circonspection. Je vous laisse à comparer le reste [de la

  1. Les Pères de l’Église ont souvent reproché aux Gnostiques leur jactance et la corruption de leurs mœurs. Voici comment saint Irénée s’exprime à cet égard (I, 6) : « Les Valentiniens disent que les hommes psychiques n’ont que des connaissances psychiques, qu’ils ne sont confirmés dans le bien que par les œuvres et la simple foi et qu’ils ne possèdent pas la science parfaite (la Gnose). C’est dans cette classe qu’ils nous rangent, nous qui professons la foi de l’Église : ils enseignent que nous autres, nous avons besoin de faire de bonnes œuvres, et que sans cela nous ne saurions être sauvés ; que pour eux, sans les œuvres, par cela seul qu’ils ont une nature pneumatique, ils seront indubitablement sauvés, quelque chose qu’ils fassent. De même qu’un hylique ne peut absolument pas faire son salut (parce qu’il en est naturellement incapable), de même, soutiennent-ils, la nature pneumatique ne peut absolument se cor-