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LIVRE NEUVIÈME.

de blâmer ce qui est inférieur aux premiers principes, il faut se soumettre avec douceur aux lois de l’univers[1], s’élever soi-même aux premiers principes, ne pas éprouver ces terreurs tragiques[2], inspirées à certaines gens par les sphères du monde qui n’exercent sur nous qu’une influence bienfaisante[3]. Qu’ont-elles en effet de terrible ? Que redoutent en elles ces hommes étrangers à la philosophie et à toute saine instruction ? Quoique les sphères célestes aient des corps ignés, elles ne doivent nous donner aucune crainte, parce qu’elles sont parfaitement en harmonie avec l’univers et avec la terre. Il faut d’ailleurs considérer les âmes des astres auxquelles les Gnostiques se croient eux-mêmes si supérieurs[4], tandis que leurs corps, qui surpassent tant les nôtres en grandeur et en beauté, concourent efficacement à produire les choses conformes à l’ordre de la nature[5] : car ces choses ne sauraient naître s’il n’existait que les premiers principes. Enfin les astres complètent l’univers et en sont des membres importants. Si l’homme a une grande supériorité sur les animaux, quelle supériorité n’ont pas ces astres qui sont dans l’univers pour l’embellir et y faire régner l’ordre, et non pour y exercer une influence tyrannique[6] ? Quant aux événements qu’on dit provenir des astres, ceux-ci en sont les signes plutôt que


    de l’ouvrage apocryphe intitulé les Lettres de Platon : « Tout est autour du roi de tout ; il est la fin de tout ; il est la cause de toute beauté. Ce qui est du second ordre est autour du second principe, et ce qui est du troisième ordre autour du troisième principe. » (Lettre II, t. XIII, p. 59 de la trad. de M. Cousin.) Plotin a déjà cité ce passage, p. 119.

  1. Voy. plus haut, p. 284-285.
  2. « A signis cœli nolite timere quæ timent gentes, quia leges populorum vanæ sunt (Jérémie, X, 2). Voy. plus haut, p. 174.
  3. Αἴ δὴ πάντα μείλιχα τεύχουσιν αὐτοῖς. Plotin a sans doute eu ici présent à la pensée ce vers de Pindare. Χάρις δ’ ἅπερ ἅπαντα τεύχει τὰ μείλιχα θνατοῖς (Olympiques, I, vers 43).
  4. Voy. plus haut, p. 284, note 1.
  5. Voy. plus haut, p. 180.
  6. Voy. plus haut, p. 176.