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DEUXIÈME ENNÉADE.

suffit pas d’affirmer qu’on le possède : il y a beaucoup d’hommes qui, sachant parfaitement qu’ils n’ont pas un bien, se vantent néanmoins de le posséder, qui croient le posséder quand ils ne le possèdent pas, ou le posséder seuls quand ils sont les seuls qui ne le possèdent pas.

X. En examinant beaucoup d’autres assertions [des Gnostiques] ou plutôt toutes leurs assertions, on trouve surabondamment de quoi juger leur doctrine dans ses détails. Nous ne pouvons nous empêcher de rougir en voyant quelques-uns de nos amis[1], qui s’étaient imbus de ces opinions avant de se lier avec nous, y persévérer je ne sais comment, travailler avec ardeur à essayer de prouver qu’elles méritent pleine confiance, ou parler comme s’ils étaient persuadés qu’elles sont fondées. Nous nous adressons ici à nos amis, et non aux partisans des Gnostiques. Nous essaierions vainement de persuader à ces derniers de ne pas se laisser abuser par des hommes qui ne donnent pas de démonstrations (quelles démonstrations en effet pourraient-ils donner ?), mais qui ne font qu’en imposer par leur jactance[2].


    par conséquent la science est la rédemption de l’homme intérieur ; la rédemption n’est pas corporelle : car le corps est périssable ; elle n’est pas psychique (animique) : car l’âme est née de la dégradation et ne sert que de domicile à l’esprit ; la rédemption doit donc être pneumatique (spirituelle) : car l’homme intérieur, l’homme pneumatique est racheté par la science. Après avoir acquis la connaissance de toutes choses τῇ τῶν ὅλων ἐπιγνὠσει), ils n’ont plus rien à désirer, disent-ils, parce que cette connaissance est la rédemption véritable. » (Saint Irénée, I, 21.) Voy. encore p. 583, note 3.

  1. Voy. la Note, p. 494.
  2. Saint Irénée adresse le même reproche aux Valentiniens : « Si quelqu’un de leurs auditeurs leur demande des explications ou leur fait une objection, ils ne lui répondent rien ; ils se contentent de dire que cet homme n’est pas capable de comprendre la vérité, qu’il n’a pas reçu d’Achamoth un germe pneumatique, qu’il n’est qu’un psychique. » (III, 15.)