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DEUXIÈME ENNÉADE.

dans l’esprit de leurs auditeurs : c’est en démontrant la justesse des idées qui leur appartiennent, quand ces idées diffèrent de celles des anciens, et en les exposant avec une réserve et une bienveillance vraiment philosophiques. C’est encore pour eux un devoir, quand ils combattent un système, de ne considérer que la vérité, de ne pas chercher à se faire valoir, soit en attaquant des hommes dont les dogmes sont depuis longtemps approuvés par de grands esprits, soit en prétendant leur être supérieurs : car ce que les anciens ont enseigné sur le monde intelligible[1] sera toujours regardé comme ce qu’il y a de meilleur et de plus savant par ceux qui ne se laissent pas séduire par l’erreur qui séduit aujourd’hui tant de gens [la doctrine des Gnostiques].

Enfin, en considérant ce que les Gnostiques ont emprunté


    vantaient de posséder (p. 283, note 3). Quant à la polémique des Gnostiques contre la philosophie grecque, Voy. la Note, p. 539.

  1. Saint Augustin s’est exprimé sur la doctrine platonicienne dans des termes analogues à ceux dont se sert ici Plotin : « Ces philosophes (platoniciens), si justement supérieurs aux autres en gloire et en renommée, ont compris que nul corps n’est Dieu, et c’est pourquoi ils ont cherché Dieu au-dessus de tous les corps. Ils ont également compris que tout ce qui est muable n’est pas le Dieu suprême, et c’est pourquoi ils ont cherché le Dieu suprême au-dessus de toute âme et de tout esprit sujet au changement. Ils ont compris enfin qu’en tout être muable, la forme qui le fait ce qu’il est, quels que soient sa nature et ses modes, ne peut venir que de Celui qui est en vérité, parce qu’il est immuablement. Si donc vous considérez tour à tour le corps du monde tout entier avec ses figures, ses qualités, ses mouvements réguliers et ses éléments, qui embrassent dans leur harmonie le ciel, la terre, et tous les êtres corporels, puis l’âme en général, tant celle qui maintient les parties du corps et le nourrit, comme dans les astres, que celle qui donne en outre le sentiment, comme dans les animaux, et celle qui ajoute au sentiment la pensée, comme dans les hommes, et celle enfin qui n’a pas besoin de la faculté nutritive et se borne à maintenir, sentir et penser, comme dans les anges, rien de tout cela, corps ou âme, ne peut tenir l’être que de Celui qui est. » (Cité de Dieu, VIII, 6 ; t. II, p. 80 de la trad. de M. Saisset.)