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DEUXIÈME ENNÉADE.

ont des puissances sans limites, comment serait-il possible que ces êtres existassent sans que rien participât à leur nature ? Il faut donc que chacun d’eux communique quelque degré de sa perfection aux autres êtres. Le Bien ne serait plus Bien, l’Intelligence ne serait plus Intelligence, l’Âme ne serait plus Âme, si, au-dessous de ce qui possède le premier degré de la vie, il n’y avait quelque autre chose qui possédât le second degré de la vie, et qui subsistât tant que subsiste Celui qui occupe le premier rang[1]. Il est donc nécessaire que toutes les choses [inférieures au Premier] existent toujours dans leur dépendance mutuelle, et qu’elles soient engendrées, parce qu’elles tiennent d’autrui leur existence. Elles n’ont pas été engendrées à un moment déterminé ; en affirmant qu’elles sont engendrées, il faut dire : elles étaient engendrées, elles seront engendrées. Elles ne seront pas non plus détruites, à moins qu’elles ne soient composées d’éléments dans lesquels elles puissent se dissoudre.


    (Legis Allegoriœ, I, p. 44, éd. Mangey). Philon dit encore ailleurs : « Étant l’archétype de lumière, Dieu répand autour de lui des rayons de lumière, tous intelligibles. » (De Cherubin, t. I, p, 156).

  1. Voy. plus haut, p. 193. Dans le passage suivant du Zohar, cité par M. Frank (La Kabbale, p. 213), la génération des êtres est également expliquée par le développement graduel de l’essence intelligible : « Le point indivisible (l’Absolu), n’ayant pas de limites et ne pouvant pas être connu, à cause de sa force et de sa pureté, s’est répandu au dehors et a formé un pavillon [la Sagesse ou le Verbe, source des formes et des idées], qui sert de voile à ce point indivisible. Ce pavillon, quoique d’une lumière moins pure que le point, était encore trop éclatant pour être regardé ; il s’est à son tour répandu au dehors, et cette extension lui a servi de vêtement ; c’est ainsi que tout se fait par un mouvement qui descend toujours ; c’est ainsi que s’est formé l’univers [qui est le vêtement de Dieu]. » Ces mots : Tout se fait par un mouvement qui descend toujours, expriment parfaitement l’idée de la procession, idée qui joue un rôle si important dans le système de Plotin et dans celui des Gnostiques. Voy. p. 129, 495-486, 513-514.