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DEUXIÈME ENNÉADE.

l’on peut en admettre plus, et, dans le cas où l’on supposerait qu’il y eût d’autres principes que ces trois hypostases, quelle serait leur nature.

Le Principe de toutes choses, tel que nous l’avons décrit, est le plus simple, le plus élevé qu’on puisse trouver. On[1] ne saurait dire qu’en lui autre chose est la puissance, autre chose est l’acte[2] : car il serait ridicule de vouloir appliquer à des principes, qui sont immatériels et qui sont en acte, la distinction de l’acte et de la puissance, et d’augmenter ainsi le nombre [des hypostases divines, en distinguant dans chacune d’elles la puissance et l’acte].

On ne saurait non plus imaginer au-dessous du Premier


    Je dis, en effet, qu’ils ont été créés, j’entends qu’ils ont été faits et non pas engendrés, attendu que ce qui est engendré du bien simple est simple comme lui, est la même chose que lui. Tel est le rapport de Dieu le Père avec Dieu le Fils, qui, tous deux ensemble avec le Saint-Esprit, ne font qu’un seul Dieu, et cet Esprit du Père et du Fils est appelé le Saint-Esprit dans l’Écriture, par appropriation particulière de ce nom. Or il est autre que le Père et le Fils, parce qu’il n’est ni le Père ni le Fils ; je dis autre, et non autre chose, parce qu’il est lui aussi le bien simple, immuable et éternel. Cette Trinité n’est qu’un seul Dieu, qui n’en est pas racine simple pour être une Trinité : car nous ne faisons pas consister la simplicité du bien en ce qu’il serait dans le Père seulement, ou seulement dans le Fils, ou enfin dans le seul Saint-Esprit ; et nous ne disons pas non plus, comme les Sabelliens, que cette Trinité n’est qu’un nom, qui n’implique aucune substance des personnes, mais nous disons que ce bien est simple, parce qu’il est ce qu’il a, sauf la seule réserve de ce qui appartient à chaque personne de la Trinité relativement aux autres. » (Cité de Dieu, XI, 10 ; t. II, p. 282 de la trad. de M. Saisset.) Voy. encore la Note, p. 323.

  1. Plotin ne nomme nulle part dans ce livre les sectaires qu’il combat ; il se contente de les désigner vaguement par αὐτοί, ou par un verbe à la troisième personne du pluriel, tel que φήσουσι dans la phrase qui est l’objet de cette note : le sujet sous-entendu est évidemment les Gnostiques. Voy. la Note, p. 494.
  2. Sur la puissance et sur l’acte de Bythos (Ennoia et Thelesis), Voy. la Note, p. 520-521.