Page:Plotin - Ennéades, t. I.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
LIVRE NEUVIÈME.

nature même de l’Un (τοῦ ἑνὸς λεγομένου ἡ φύσις ἡ αὐτή) : car l’Un n’est pas en soi une chose à laquelle vienne s’ajouter l’unité, pas plus que le Bien n’est en soi une chose à laquelle vienne s’ajouter la bonté. Par conséquent [l’Un et le Bien étant tous deux la simplicité même], quand nous disons l’Un (τὸ ἕν), et quand nous disons le Bien (τὸ ἀγαθόν), ces deux

    l’on trouve plusieurs des comparaisons employées par Plotin dans les Ennéades : « La nature de la Trinité est appelée une nature simple par cette raison qu’elle n’a rien qu’elle puisse perdre et qu’elle n’est autre chose que ce qu’elle a. Un vase n’est pas l’eau qu’il contient ni un corps la couleur qui le colore, ni l’air, la lumière ou la chaleur qui réchauffe ou l’éclaire, ni l’âme la sagesse qui la rend sage. Ces êtres ne sont donc pas simples puisqu’ils peuvent être privés de ce qu’ils ont et recevoir d’autres qualités ou habitudes... Encore que l’âme doive être un jour éternellement sage, elle ne le sera que par la participation de la sagesse immuable qui n’est pas elle. En effet, quand l’air ne perdrait jamais la lumière qui est répandue dans toutes ses parties, il ne s’en suivrait pas pour cela qu’il fût la lumière même ; et ici je n’entends pas dire que l’âme soit un air subtil, ainsi que l’ont cru quelques philosophes [Anaximène de Milet, Diogène d’Apollonie], qui n’ont pas su s’élever à l’idée d’une nature incorporelle. Mais ces choses, dans leur extrême différence, ne laissent pas d’avoir assez de rapport pour qu’il soit permis de dire que l’âme incorporelle est éclairée de la lumière incorporelle de la sagesse de Dieu, qui est parfaitement simple, de la même manière que l’air corporel est éclairé par la lumière corporelle, et que, comme l’air s’obscurcit quand la lumière vient à se retirer (car ce qu’on appelle ténèbres n’est autre chose que l’air privé de lumière), l’âme s’obscurcit pareillement lorsqu’elle est privée de la lumière de la sagesse. Si donc on appelle simple la nature divine, c’est qu’en elle la qualité n’est autre chose que la substance, en sorte que sa divinité, sa béatitude et sa sagesse, ne sont pas différentes d’elle-même. L’Écriture, il est vrai, appelle multiple l’esprit de sagesse (Sagesse, VII, 22), mais c’est à cause de la multiplicité des choses qu’il renferme en soi, lesquelles néanmoins ne sont que lui-même, et lui seul est toutes ces choses. Il n’y a pas en effet plusieurs sagesses, mais une seule, en qui se trouvent ces trésors immenses et infinis où sont les raisons invisibles et immuables de toutes les choses muables et visibles qu’il a créées. » (Cité de Dieu, XI,