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LIVRE SIXIÈME.


DE L’ESSENCE ET DE LA QUALITÉ[1].


I. L’être (τὸ ὄν) est-il une chose différente de l’essence (ἡ ὀυσία) ? Quand on dit l’être, fait-on abstraction du reste (τὸ ὄν ἀπηρημωμένον τῶν ἄλλων) ? L’essence est-elle au contraire l’être avec le reste (ἡ ὀυσία τὸ ὄν μετὰ τῶν ἄλλων), c’est-à-dire avec le mouvement et le repos, l’identité et la différence[2] ? Sont-ce là les éléments de l’essence ? Oui : l’essence est l’ensemble de ces choses, dont l’une est l’être, l’autre le mouvement, etc. Le mouvement est donc être par accident. Est-il aussi essence par accident ? ou bien est-il complément de l’essence ? Le mouvement est essence, parce que toutes les choses intelligibles sont des essences. Pourquoi toutes les choses sensibles ne sont-elles pas chacune une essence ? C’est que là-haut les choses n’en forment toutes qu’une seule (ἕν πάντα), et qu’ici-bas elles sont distinctes les unes des autres parce que ce sont des images séparées (διαληφέντων τῶν εἰδώλων)[3]. De même, dans une raison séminale (ἐν σπέρματι)[4], toutes choses sont ensemble, et chacune d’elles est toutes les autres : la main n’y est pas distincte de la tête ; dans un corps, au contraire, tous les

  1. Pour les Remarques générales, Voy. la Note sur ce livre à la fin du volume.
  2. Le mouvement et le repos, l’identité et la différence sont les genres de l’être. Voy. Enn. VI, liv. ii.
  3. Les images des choses intelligibles sont les choses sensibles.
  4. Voy. p. 189 de ce volume, note 4.