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DEUXIÈME ENNÉADE.

être quelconque, puisque le non-être est sa nature véritable. S’il faut qu’elle soit, il faut qu’elle soit le non-être en acte, en sorte qu’éloignée de l’être véritable, elle a [si l’on peut parler ainsi] son être dans le non-être. Enlevez aux êtres faux leur fausseté, vous leur ôtez leur essence. Introduisez l’acte dans les choses qui ont en puissance l’être et l’essence, vous anéantissez leur raison d’être, parce que leur être était d’être en puissance.

Donc, s’il faut conserver la matière comme incorruptible, il faut avant tout la conserver matière ; il faut, comme on le voit, dire qu’elle n’est qu’en puissance, en sorte qu’elle reste ce qu’elle est par son essence, ou bien on doit réfuter les raisons que nous avons données[1].


  1. On voit que, par sa conclusion, ce livre se rattache au précédent, comme nous l’avons indiqué p. 223, note 1.