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LIVRE CINQUIÈME.


DE CE QUI EST EN PUISSANCE ET DE CE QUI EST EN ACTE[1].


I. On dit que telle chose est en puissance, que telle chose est en acte[2] ; on compte l’acte parmi les êtres. Il faut donc examiner ce que c’est qu’être en puissance (τὸ δυνάμει εἶναι), être en acte (τὸ ἐνεργείᾳ εἶναι) ; il faut chercher si être en acte est la même chose qu’être un acte, si ce qui

  1. Ce livre est étroitement lié au précédent parce que Plotin y traite encore de la Matière ; il y commente, dans le § 5, ce passage d’Aristote : « La matière, c’est ce qui n’est rien de réel en acte, mais seulement en puissance. » (Métaphysique, VIII, 6.)

    Pour les autres Remarques générales, Voy. la Note sur ce livre à la fin de ce volume.

  2. « Un être peut, soit parce qu’il a la puissance d’être modifié lui-même, soit parce qu’il a celle de modifier un autre être... Il y a d’abord la puissance dans l’être passif : c’est parce qu’il y a en lui un principe, c’est parce que la matière est un principe, que l’être passif est modifié, qu’un être modifie un autre être ; ainsi ce qui est gras est combustible, ce qui cède de telle manière est sujet à s’écraser. Il y a ensuite la puissance dans l’agent : tels sont la chaleur et l’art de bâtir, l’une dans ce qui échauffe, l’autre dans l’architecte. » (Aristote, Métaphysique, IX, 1 ; t. II, p. 87 de la trad. de MM. Pierron et Zévort). — « L’acte est, pour un objet, l’état opposé à la puissance... L’acte, ce sera donc l’être qui bâtit, relativement à celui qui a la faculté de bâtir ; l’être qui est éveillé, relativement à celui qui dort ; l’être qui voit, par rapport à celui qui a les yeux fermés, tout en ayant la faculté de voir ; l’objet tiré de la matière, relativement à la matière ; ce qui est fait, par rapport à ce qui n’est point fait. » (Métaphysique, IX, 6 ; t. II, p. 99 de la trad.)