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DEUXIÈME ENNÉADE.

impressions que nous en recevons ne sont pas telles en nous qu’elles sont dans les astres ; de plus, elles se dénaturent parce qu’elles se trouvent mêlées aux corps, à la matière et les unes aux autres[1].

XII. Les influences qui proviennent des astres se confondent ; ce mélange modifie chacune des choses qui sont engendrées, détermine leur nature et leurs qualités[2]. Ce n’est pas l’influence céleste qui produit le cheval ; elle se borne à exercer une action sur lui : car le cheval est engendré par le cheval, et l’homme par l’homme[3] ; le soleil contribue seulement à leur formation. L’homme naît de la raison [séminale] de l’homme ; mais les circonstances lui sont favorables ou nuisibles. En effet, le fils ressemble au père ; seulement il peut être mieux fait, ou moins bien fait ; jamais cependant il ne se détache de la matière. Quelquefois la matière prévaut sur la nature, de telle sorte que l’être n’est point parfait parce que la forme ne domine pas[4].

XIII. Il nous reste maintenant à discerner, à déterminer et à énoncer d’où provient chaque chose, puisqu’il est des choses qui sont produites par le cours des astres et d’autres qui ne le sont pas. Voici notre principe. L’Âme gouverne l’univers par la Raison (ψυχῆς τὸ πᾶν διοικούσης κατὰ λόγον), comme chaque animal est gouverné par le principe [la raison]

  1. Voy. Enn. IV, liv. iv, § 38-40.
  2. Voy. Sénèque, Questions Naturelles, liv. II, § 32 : « Quid est porro aliud quod errorem incutiat peritis natalium, quam quod paucis (quinque) sideribus nos assignant : quum omnia, quæ supra nos sunt, partem nostri sibi vindicent ? Submissiora forsitan in nos propius vim suam dirigunt ; et ea quæ frequentius mota, aliter nos, aliter cætera animalia prospiciunt. Cœterum et illa quæ aut immota sunt, aut propter velocilatem universo mundo parem immotis similia, non extra jus dominiumque nostri sunt. Aliud aspice, et distributis rem officiis tractas. Non magis autem facile est scire quid possint, quam dubitari debet an possint. »
  3. C’est un aphorisme d’Aristote. Voy. Métaphysique, XII, 3.
  4. Voy. Enn. III, liv. i, § 6.