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DEUXIÈME ENNÉADE.

raisonnable] vit soumis à la fatalité[1]. Non seulement les actes d’un pareil être sont indiqués par les astres, mais encore il devient lui-même une partie du monde, il dépend du monde dont il fait partie. Tout homme est double : car il y a dans tout homme l’animal et l’homme véritable [que constitue l’âme raisonnable].

De même il y a dans l’univers le composé d’un Corps et d’une Âme qui lui est étroitement unie, et l’Âme universelle, qui n’est pas dans le Corps et qui illumine l’Âme unie au Corps[2]. Le soleil et les autres astres sont doubles de la même manière [ont une âme unie à un corps et une âme indépendante du corps]. Ils ne font rien qui soit mauvais pour l’âme pure. S’ils produisent certaines choses dans l’univers, en tant qu’ils sont eux-mêmes des parties de l’univers, et qu’ils ont un corps et une âme unie à ce corps, les choses qu’ils produisent sont des parties de l’univers ; mais leur volonté et leur âme véritable s’appliquent à la contemplation du principe qui est excellent[3]. C’est à ce principe, ou plutôt à ce qui l’entoure que se rattachent les autres choses : c’est ainsi que le feu fait rayonner sa chaleur de tous côtés, et que l’Âme supérieure [de l’univers] fait passer quelque chose de sa puissance dans l’Âme inférieure qui lui est liée. Les choses mauvaises qui se trouvent ici-bas naissent du mélange qui se trouve dans la nature de ce monde. Si l’on séparait de l’univers l’Âme universelle, ce qui resterait n’aurait pas de valeur. L’univers est donc un

  1. Voy. plus haut, p. 177, note 2.
  2. Sur la distinction des deux parties de l’Âme universelle, Voyez plus loin le § 18.
  3. Ce principe est le Bien. Nous ferons observer que dans ce paragraphe et dans beaucoup d’autres passages de ce livre, les idées de Plotin, déjà obscures par elles-mêmes, sont encore obscurcies par la faute des copistes. Creuzer avoue nettement qu’il est impossible d’y remédier : « Arguit hoc ipsum caput quod haud dubie ulcera latentia plura habet, in quibus urendo et secando grassari noluimus : ac proinde plurima intacta reliquimus. »