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LIVRE TROISIÈME.

n’est pas l’effet du hasard. Elles forment une série où chacune, par une liaison naturelle, est l’effet de ce qui précède, la cause de ce qui suit[1].

VIII. Quand l’âme s’applique à remplir la fonction qui lui est propre (car c’est l’âme qui fait tout, en tant qu’elle joue le rôle de principe), elle suit la droite voie ; quand elle s’égare, la justice divine la rend esclave de l’ordre physique qui règne dans l’univers, à moins qu’elle ne parvienne à s’en affranchir. La justice divine règne toujours, parce que l’univers est dirigé par l’ordre et la puissance du principe qui le domine [l’Âme universelle][2]. À cela se joint le concours des planètes qui sont des parties importantes du ciel,

  1. Voy. Sénèque (Questions Naturelles, I, 1) : « Videbimus an certus omnium rerum ordo ducatur, et alia allis ita complexa sint, at quod antecedit, aut causa sit sequentium, aut signum. »
  2. Ce paragraphe est fort obscur. Pour le bien comprendre, il est nécessaire de lire tout le discours que Platon fait tenir à Socrate dans le Phèdre (p. 244-251 ; t. VI, p. 47-54 de la trad. de M. Cousin). Le soin que prend l’âme de ce qui est inanimé, le cortège de Jupiter, le conducteur de char et les deux coursiers, la chute des ailes de l’âme, la loi d’Adrastée, telles sont les idées auxquelles Plotin fait allusion dans ce passage. Voici quelle est sa pensée : L’âme remplit la fonction qui lui est propre quand elle imite l’Âme universelle qui contemple le monde intelligible et gouverne le monde sensible en l’illuminant, sans y descendre ni le regarder (Enn. III, liv. iv, § 2, 4). Elle suit alors la droite voie (Voy. plus loin, § 13), elle agit conformément à la droite raison (Enn. III, liv. i, § 9, 10). Elle s’égare quand elle exerce ses puissances sensitive, végétative et génératrice, plus que sa raison et son intelligence (Enn. III, liv. iv, § 3). Elle en est punie par la justice divine en étant soumise à la fatalité, c’est-à-dire, à l’influence des circonstances extérieures, comme Plotin le dit plus loin, à la fin de ce paragraphe, et comme il l’explique dans le livre i de l’Ennéade III, § 8-10. Quant à cette assertion que l’âme fait tout, en tant qu’elle joue le rôle de principe, on doit l’entendre en ce sens que, tant que l’âme humaine reste unie à l’Âme universelle, elle participe au gouvernement du monde sensible que régit l’Âme universelle (Enn. III, liv. iv, § 2, 6). Voyez aussi Enn. IV, liv. viii, § 2, 4.