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LIVRE TROISIÈME.

opposition avec la planète chaude [Mars], toutes les deux nous deviennent nuisibles[1] ; il semble cependant que leurs influences devraient se tempérer mutuellement. On dit en outre que tel astre [Saturne] aime le jour, dont la chaleur le rend favorable aux hommes, que tel autre [Mars] aime la nuit, parce qu’il est igné, comme s’il n’y avait pas dans le ciel un jour perpétuel, c’est-à-dire une lumière continuelle, ou comme si un astre pouvait être plongé dans l’ombre [projetée par la terre] quand il se trouve très-éloigné de la terre.

On affirme que la Lune, en conjonction avec tel astre [Saturne], est favorable quand elle est pleine, et nuisible quand elle n’est plus dans son plein. On devrait admettre le contraire, si toutefois la Lune possède quelque influence. En effet, quand elle nous présente une face pleine, elle présente une face obscure à la planète qui se trouve au-dessus d’elle [Saturne ou Mars] ; quand son disque décroît de notre côté, il croît de l’autre côté ; il devrait donc produire un effet contraire quand il décroît de notre côté et qu’il croît du côté de la planète qui est au-dessus. Ces phases n’ont point d’importance pour la Lune, puisqu’une de ses faces est toujours éclairée. Il ne peut en résulter quelque chose que pour la planète qui en reçoit sa chaleur [Saturne] ; or celle-ci sera échauffée si la Lune tourne de notre côté sa face obscure. Donc la Lune est bonne pour cette planète quand elle est pleine pour elle et obscure pour nous. D’ailleurs, cette obscurité de la Lune pour nous a de l’importance pour les choses terrestres, mais n’en a aucune pour les choses célestes[2]. Enfin, quand la Lune présente sa face obscure à la planète ignée [Mars], elle

  1. Te Jovis impio
    Tutela Saturno refulgens
    Eripuit

    (Horace, Odes, II, 17.)
  2. Nous supprimons ici une phrase, d’ailleurs sans aucune impor-