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DEUXIÈME ENNÉADE.

(ϰατὰ συμϐεϐηϰὸς σημαίνειν), comme les oiseaux l’annoncent aux augures.

IV. Il n’est pas non plus raisonnable de prétendre que l’aspect d’une autre planète rend celle-ci joyeuse et celle-là triste. Quelle haine peut-il y avoir entre des astres ? Quel en serait le sujet ? Pourquoi seraient-ils dans un état différent quand ils se trouvent en aspect trine (τρίγωνος), ou en opposition, ou en quadrat (τετράγωνος)[1] ? Pourquoi prétend-on qu’un astre en regarde un autre quand il est dans tel ou tel aspect, qu’il ne le regarde plus quand il est dans le signe suivant du zodiaque (ϰατὰ τὸ ἑξῆς ζώδιον) et qu’il se trouve plus près de lui ? Comment d’ailleurs les planètes produisent-elles les effets qu’on leur attribue ? Comment chacune exerce-t-elle une action particulière ? Comment toutes ensemble exercent-elles une action générale d’une autre nature ? En effet, elles ne délibèrent pas entre elles pour exécuter ensuite sur nous ce qu’elles ont résolu, en cédant chacune quelque peu de son influence. L’une n’entrave pas l’action de l’autre avec violence, ne lui fait pas de concession par condescendance. Dire que l’une est joyeuse quand elle se trouve dans la maison de l’autre, et que l’autre est triste quand elle se trouve dans la maison de la première, c’est avancer une assertion semblable à celle d’une personne qui prétendrait que deux hommes sont unis par une amitié mutuelle, et que cependant l’un aime l’autre tandis que le second hait le premier[2].

V. On prétend que la planète froide [Saturne] est meilleure pour nous quand elle est encore éloignée, parce qu’on fait consister dans le froid qu’elle répand le mal qu’elle produit sur nous ; cependant le bien devrait se trouver pour nous dans les signes opposés du zodiaque. On ajoute que quand la planète froide [Saturne] est en

  1. Voy. p. 167, note 3.
  2. Dans le système des astrologues, le ciel est divisé en douze parties ou maisons, οἵϰοι, correspondantes aux douze signes du zodiaque. Chaque planète a aussi la sienne.