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DEUXIÈME ENNÉADE.

les planètes nous font du bien ou du mal, ce n’est pas qu’elles nous aiment ou qu’elles nous haïssent, c’est qu’elles sont bien ou mal disposées pour nous par la nature des lieux qu’elles parcourent. Elles changent de sentiment à notre égard selon qu’elles sont sur des points ou qu’elles déclinent (ἐπὶ ϰέντρων ὄντες ἤ ἀποϰλίνοντες)[1]. Il y

  1. Le mot ϰέντρα désigne les quatre points du ciel considérés dans les horoscopes, l’horizon oriental, le nadir, l’horizon occidental, le zénith ; en termes d’astrologie : l’angle oriental, l’angle de terre, l’angle occidental, l’angle méridional (Voy. la Note sur ce livre). Eusèbe cite un fragment d’Origène où cet écrivain explique la marche suivie par les astrologues, et exprime des idées tellement conformes à celles de Plotin qu’il semble qu’un des deux auteurs se soit inspiré de l’autre :

    « Les astres ne sont en aucune sorte les auteurs des événements humains ; ils n’en sont que les signes… Les astrologues prétendent qu’en tirant d’une certaine manière l’horoscope de l’homme naissant, ils découvrent comment chaque planète est placée relativement à la perpendiculaire soit de telle constellation du zodiaque, soit des plus petites étoiles qui la composent, quel signe du zodiaque occupait l’horizon oriental, quel autre l’occidental, quel était au zénith, quel était au nadir. Lorsqu’ils ont ainsi disposé les astres qui doivent leur donner l’horoscope à l’époque de la naissance de l’homme dont ils étudient la destinée, non-seulement ils recherchent les choses qui doivent lui arriver, mais ils scrutent encore celles qui sont passées, celles qui ont précédé sa naissance et sa conception, ce qu’est son père sous le rapport de la condition, riche ou pauvre, sans défaut dans sa complexion ou atteint de quelque difformité, s’il est de bonnes mœurs ou non, s’il n’a point de propriétés territoriales ou s’il en a d’étendues, quelles sont ses occupations ; ils en font autant au sujet de la mère et des frères plus âgés, s’il en a. » (Eusèbe, Préparation évangélique, VI, 11, traduction de M. Séguier de Saint Brisson, t. I, p. 309).

    Saint Augustin avait sans doute Origène et Plotin sous les yeux, lorsqu’il écrivait : « Quod si dicuntur stellæ significare potius ista quam facere, ut quasi locutio quædam sit ista positio, prædicens futura, non agens (non enim mediocriter doctorum hominum fuit ista sententia), non quidem ita solent loqui Mathematici. » (De Civitate Dei, V, 1). Voyez aussi la note 1 de la page 169.