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LIVRE DEUXIÈME.

devenu terrestre, tandis que dans la région céleste il est léger et mobile. Comment pourrait-il rester en repos quand l'âme est en mouvement, quel que soit ce mouvement ? Le pneuma[1] qui est répandu en nous autour de l'âme fait la même chose que le ciel. En effet, si Dieu est en toutes choses, il faut que l'âme qui désire s'unir à lui se meuve autour de lui, puisqu'il ne réside en aucun lieu déterminé. Aussi Platon attribue-t-il aux astres, outre la révolution qu'ils exécutent en commun avec l'univers, un mouvement particulier de rotation autour de leur propre centre[2]. En effet, tout astre, en quelque endroit qu'il se trouve, est transporté de joie en embrassant Dieu ; ce n'est point par raison, mais par une nécessité naturelle.

III. Enfin, il nous reste encore une chose à considérer. La dernière puissance de l'Âme universelle a la terre pour siége et se répand de là dans l'univers[3]. La puissance [de l'Âme] qui par sa nature possède la sensation, l'opinion, le raisonnement, réside dans les sphères célestes, d'où elle domine la puissante inférieure et lui communique la vie ; elle meut donc la puissance intérieure en l'embrassant circulairement; et préside à l'univers en tant qu'elle retourne [de la terre] aux sphères célestes. La puissance inférieure, étant embrassée circulairement par la puissance supérieure, se replie sur elle-même, opère sur elle-même une conversion par laquelle elle imprime un mouvement de rotation au corps dans lequel elle est répandue. Quelle que soit la partie qui se meuve dans une sphère, dès qu'elle se meut en restant en repos[4], elle communique le mouvement au

  1. Sur le pneuma, Voy. M. H. Martin, Études sur le Timée de Platon, t. II, p. 330-334.
  2. Voy. Timée, p. 34 et 40.
  3. Sur la distinction des deux parties de l’Âme universelle, l’Âme céleste et l’Âme inférieure, Voyez plus loin le § 18 du livre iii et la note sur ce passage.
  4. Au § 1, Plotin a expliqué comment le mouvement circulaire implique tout à la fois translation et permanence ou repos. C’est conforme à ce que Platon dit dans Timée, p. 33-34 :