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LIVRE DEUXIÈME.


DU MOUVEMENT DU CIEL[1].


I. Pourquoi le ciel se meut-il circulairement ? parce qu’il imite l’Intelligence. Mais à qui appartient ce mouvement ? Est-ce à l’Âme ou au corps ? A-t-il lieu parce que l’Âme est dans la sphère céleste[2] et que cette sphère tend à se mouvoir autour d’elle[3] ? L’Âme est-elle dans cette sphère sans que celle-ci la touche ? Fait-elle mouvoir cette sphère parce qu’elle se meut elle-même ? Peut-être l’Âme qui meut cette sphère ne devrait plus la mouvoir, mais l’avoir déjà mue,

  1. « La source des idées développées ici par Plotin est dans le Timée de Platon, p. 33, 34.

    Pour les autres Remarques générales, Voy. la Note sur ce livre, à la fin du volume.

  2. Il y a dans le texte : ὅτι ϕυχὴ ἐν αυτῇ ἐστι. Pour avoir un sens satisfaisant, il faut sous-entendre σφαίρᾳ comme l’a fait Ficin, et comme l’exige le passage du Timée (p. 34) auquel Plotin fait allusion : « Le Dieu éternel, ayant réfléchi sur le Dieu futur [le monde], le fit un corps poli, uniforme, ayant partout la même profondeur jusqu’au centre, entier, complet, composé de corps complets eux-mêmes. Il mit au milieu du monde une âme, qu’il étendit dans toutes les parties de ce nouveau Dieu, et dans laquelle il enveloppa même extérieurement ce grand corps, et il établit ainsi ce ciel rond et se mouvant en rond, seul, solitaire, mais pouvant par sa vertu être uni lui-même avec lui-même, n’ayant besoin d’aucune chose étrangère, se connaissant et s’aimant lui-même d’une manière suffisante. » Tout le commencement de ce livre est fort obscur par suite de la concision excessive de Plotin, ou peut-être de quelque lacune.
  3. Voyez le développement de cette idée à la fin de ce paragraphe, p. 161.