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DEUXIÈME ENNÉADE.

un obstacle à l’éclat et à la splendeur du feu céleste.

VII. Le mieux est d’adopter la doctrine de Platon sur ce sujet : il dit qu’il doit y avoir dans l’univers quelque chose de solide, d’impénétrable, afin que la terre, établie au milieu de l’univers, offre une base ferme à tous les animaux qui marchent sur elle, et que ces animaux étant terrestres aient par là même une certaine solidité ; afin que la terre possède par elle-même la propriété d’être continue, qu’elle soit illuminée par le feu, qu’elle participe aussi de l’eau pour ne pas être desséchée, qu’en outre ses parties puissent s’unir, et qu’enfin l’air rende sa masse un peu moins pesante[1].

Si la terre est mêlée au feu, ce n’est pas pour constituer les astres ; c’est parce que tous les corps étant contenus dans le corps de l’univers, le feu a quelque chose de terrestre comme la terre a quelque chose d’igné. En un mot, chaque élément a quelque chose des autres sans être cependant composé de lui-même et de celui dont il participe.

En vertu de la communauté qui existe dans l’univers, chaque élément, sans se combiner à un autre élément, lui emprunte quelque chose de ses propriétés, par exemple, participe à la fluidité de l’air sans se mêler à l’air ; ainsi la terre ne possède pas le feu, mais lui emprunte sa clarté. Le mélange rend tout commun entre deux éléments, les confond en un seul[2], et ne se borne pas à rapprocher seulement la terre et le feu, c’est-à-dire, une certaine solidité et une certaine densité. Nous pouvons invoquer à ce sujet te témoignage de Platon : « Dieu, dit-il, alluma cette lumière dans le deuxième cercle au-dessus de la terre[3] ; » il désigne ainsi le soleil, qu’il appelle ailleurs « l’astre le plus brillant. » Par ces paroles, il nous empêche d’admettre que

  1. Voy. Timée ; p. 31, 51.
  2. Voy. Ennéade II, liv. vii.
  3. Timée, p. 99. « Dieu alluma dans le deuxième cercle au-dessus de la terre cette lumière que nous nommons maintenant le soleil. »