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DEUXIÈME ENNÉADE

LIVRE PREMIER.
DU CIEL[1].


I. Si l’on admet que le monde, être corporel, a toujours existé et existera toujours, et que l’on rapporte à la volonté de Dieu la cause de sa perpétuité, on énoncera peut-être une chose vraie, mais on n’expliquera rien. Puisque ici bas les éléments changent, que les animaux meurent sans que la forme de l’espèce périsse, ne doit-on pas se demander s’il n’en est pas de même pour l’univers, si, en admettant que son corps soit soumis à un flux et à un écoulement perpétuels, la volonté divine ne peut lui conserver la même forme spécifique malgré ses altérations successives, en sorte que, sans avoir perpétuellement l’unité numérique, il conserve toujours l’unité spécifique de la forme ? Comment se fait-il en effet qu’ici bas, dans les animaux, la forme de l’espèce soit seule perpétuelle, tandis qu’on regarde l’in-

  1. Dans ce livre, Plotin emploie comme synonymes les mots ὁ οὐρανός, le ciel, ὁ κοσμός, le monde, τὸ πᾶν ζῶον, l’animal universel, τὸ πᾶν, l’univers, τὸ ὅλον, le tout. — Pour les Remarques générales, Voy., à la fin du volume, la Note sur ce livre.