Page:Plotin - Ennéades, t. I.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LIVRE NEUVIÈME.


DU SUICIDE[1].


Il ne faut pas faire sortir par violence l’âme du corps, de peur qu’elle ne sorte [en emportant quelque chose d’étranger, c’est-à-dire de corporel][2] ; car, dans ce cas, elle emportera cet élément étranger en quelque endroit qu’elle émigre (par émigrer j’entends passer dans un autre séjour). Il faut au contraire attendre que le corps tout entier se détache naturellement de l’âme : alors celle-ci n’a plus besoin de passer dans un autre séjour ; elle est complètement délivrée du corps.

Comment donc le corps se détache-t-il naturellement de l’âme ? Par la rupture complète des liens qui tiennent l’âme attachée au corps, par l’impuissance où se trouve le corps d’enchaîner l’âme, l’harmonie en vertu de laquelle il en avait la puissance étant complètement détruite[3].

Quoi donc ? ne peut-on se dégager volontairement des

  1. Ce livre, qui n’est sans doute qu’un fragment d’un livre plus étendu, se rattache aux § 8 et 16 du livre iv de cette même Ennéade. Plotin ne fait que résumer la doctrine exposée par Platon, dans le Phédon. Macrobe a cité et presque traduit ce morceau de Plotin. Voy. le texte du passage de Macrobe, à la fin de ce volume, dans la Note sur ce livre.
  2. Cette pensée n’est que la citation abrégée d’une maxime attribuée à Zoroastre dans les Oracles magiques : Μὴ ἐξαξες ἵνα ἐξίῃ ἔχουσὰ τι : nous avons suppléé les deux derniers mots, qui manquaient au texte.
  3. Porphyre développe la même pensée dans son traité De l’Abstinence des viandes (liv. ii, 47) : « Lorsque l’âme d’un