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LIVRE SIXIÈME.

la beauté de toutes les formes, et il proclamera que toute cette beauté réside dans les idées. En effet, tout est beau en elles, parce qu’elles sont les filles et l’essence même de l’intelligence. Au-dessus de l’Intelligence, il rencontrera Celui que nous appelons la nature du Bien, et qui fait rayonner autour de lui la Beauté ; en sorte que, pour nous résumer, ce qui se présente le premier, c’est le Beau. Si l’on veut établir une distinction dans les intelligibles, il faut dire que le Beau intelligible est le lieu des idées, que le Bien, placé au-dessus du Beau, en est la source et le principe ; ou bien placer dans un seul et même principe le Bien et le Beau, mais en regardant ce principe comme le Bien d’abord, et seulement ensuite comme le Beau[1].


  1. D. Wyttenbach a proposé ici une correction que nous avons adoptée : ἢ ἒν τῷ αὐτῷ τὸ ἀγαθὸν ϰαὶ ϰαλόν θήσεται, πλήν πρῶτον τὸ ἀγαθὸν, ἐξῆς δέ ϰαλόν. La phrase ne peut offrir de sens sans cette correction tout à fait conforme à la distinction que Plotin établit entre le Bien et le Beau (Voy. Enn. VI, liv. vii). M. Barthélemy Saint-Hilaire traduit : « Ou plutôt on réunit dans le même et le bien et le beau primitif, si loin du beau que nous voyons ici-bas. »