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PAR PORPHYRE.

ter aucune explication philosophique. Mais Plotin et Gentilianus Amélius, par le grand nombre de questions qu’ils ont traitées et par l’originalité de leur doctrine, ont montré qu’ils s’occupaient réellement d’écrire. Plotin a expliqué les principes de Pythagore et de Platon plus clairement que ceux qui l’ont précédé : car ni Numénius, ni Cronius, ni Modératus, ni Thrasyllus n’approchent de la précision de Plotin quand ils traitent les mêmes matières[1]. Amélius a cherché à marcher sur ses traces : il a adopté la plupart de ses idées ; mais il en diffère par la prolixité de ses démonstrations et la diffusion de son style. Nous avons cru que leurs écrits méritaient seuls une attention particulière : car pourquoi prendrait-on la peine de critiquer les autres au lieu d’examiner les auteurs dont ils ont copié les ouvrages, sans y rien ajouter, non-seulement pour les points essentiels, mais encore pour l’argumentation, et en se contentant de choisir ce qu’il y a de meilleur ? Voici comment nous avons aussi procédé en combattant ce que Gentilianus avance au sujet de la justice dans Platon et en examinant le livre de Plotin sur les idées[2] : car notre ami commun, Basile de Tyr [Porphyre][3], qui a beaucoup écrit en prenant Plotin pour modèle, ayant préféré son enseignement au nôtre[4] et ayant entrepris de faire voir que le sentiment de Plotin sur les idées vaut mieux que le nôtre, nous l’avons suffisamment réfuté et nous lui avons prouvé qu’il a eu tort de changer d’opinion à cet égard[5]. Nous avons critiqué plusieurs opinions de ces philosophes, par exemple dans la Lettre à Amélius, qui a l’étendue d’un livre. Nous y répondons à une lettre qu’Amélius nous avait envoyée de Rome et qui avait pour titre : Du Caractère de la philosophie de Plotin[6]. Pour nous, nous nous sommes contenté de donner pour titre à notre ouvrage : Lettre à Amélius. »

  1. Cronius et Numénius ont été déjà nommés plus haut, § 14. Modératus vécut sous Néron et composa une compilation en onze livres (Voy. Porphyre, Vie de Pythagore, 48). Thrasyllus vécut sous Tibère (Voy. Suétone, Vie de Tibère, 14).
  2. Voy. Enn. VI, liv. v.
  3. Voy. § 17.
  4. Porphyre avait été d’abord disciple de Longin.
  5. Voy. § 18.
  6. Voy. § 17.