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PAR PORPHYRE.

XX. Je me suis fort étendu pour faire voir ce que pensait de Plotin le plus grand critique de nos jours, l’homme qui avait examiné presque tous les ouvrages de son temps. Il l’avait d’abord méprisé, parce qu’il s’en était rapporté à des ignorants ; il s’était persuadé que l’exemplaire de ses ouvrages qu’il avait eu par Amélius était corrompu, parce qu’il n’était pas encore accoutumé au style de ce philosophe : cependant, si quelqu’un avait les ouvrages de Plotin dans leur pureté, c’était certainement Amélius, qui en possédait une copie faite sur les originaux mêmes. J’ajouterai encore ce que Longin dans un de ses écrits a dit de Plotin, d’Amélius et des autres philosophes de son temps, afin que l’on soit plus au fait de ce que pensait d’eux ce grand critique. Ce livre dirigé contre Plotin et Gentilianus Amélius a pour titre : De la Fin[1]. En voici le commencement :

« Il y a eu, Marcellus[2], beaucoup de philosophes dans notre temps, et surtout dans les premières années de notre enfance (car il est inutile de nous plaindre du petit nombre qu’il y en a présentement) ; mais lorsque nous étions dans l’âge de l’adolescence, il y avait encore un assez grand nombre d’hommes célèbres dans la philosophie. Il nous a été donné de les voir tous, parce que nous avons voyagé de bonne heure avec nos parents dans beaucoup de pays ; en visitant un grand nombre de nations et de villes, nous nous sommes liés avec ceux de ces hommes qui vivaient encore. Parmi ces philosophes, les uns ont mis leur doctrine par écrit dans le dessein d’être utiles à la postérité, les autres ont cru qu’il leur suffisait d’expliquer leurs sentiments à leurs disciples. Du nombre des premiers sont les Platoniciens Euclide, Démocrite[3], Proclinus, qui habitait dans la Troade, Plotin et son disciple Gentilianus Amélius, qui ensei-

  1. Cet ouvrage traitait probablement le même sujet que le livre de Cicéron intitulé : De Finibus bonorum et malorum. Il fut composé à l’époque où Porphyre quitta Longin pour s’attacher à Plotin. Voy. § 21.
  2. C’est Marcellus Orontius, disciple de Plotin, dont il a été question § 7.
  3. Auteur d’un Commentaire sur l’Alcibiade cité par Proclus, d’un Commentaire sur le Phédon et d’un Commentaire sur la Métaphysique d’Aristote.