Page:Plotin - Ennéades, t. I.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
PAR PORPHYRE.

mant plus de pensées que de mots, souvent plein d’enthousiasme et de sensibilité. Ce philosophe suit plutôt ses propres inspirations que des idées transmises par tradition[1]. Les doctrines des Stoïciens et des Péripatéticiens sont secrètement mélangées dans ses écrits ; la Métaphysique (ἡ μετὰ τὰ φυσιϰὰ πραγματεία) d’Aristote y est condensée tout entière. Plotin n’ignorait rien de ce qui se rapporte à la géométrie, à l’arithmétique, à la mécanique, à l’optique et à la musique, quoiqu’il n’eût pas beaucoup de goût pour ces diverses sciences. On lisait dans ses conférences les Commentaires de Sévère, de Cronius[2], de Numénius[3], de Gaius et d’Atticus[4] [philosophes Platoniciens] ; on lisait aussi les ouvrages des Péripatéticiens, ceux d’Aspasius, d’Alexandre [d’Aphrodisie][5], d’Adraste et les autres qui se rencontraient. Cependant aucun d’eux ne fixait exclusivement le choix de Plotin. Il montrait dans la spéculation un génie original et indépendant. Il portait dans ses recherches l’esprit d’Ammonius. Il se pénétrait rapidement [de ce qui lui était lu] ; puis il exposait en peu de mots les idées que lui suggérait une profonde méditation. On lui lut un jour un traité de Longin Sur les Principes et un autre du même auteur Sur l’Homme qui aime les antiquités[6]. « Longin, dit-il,

  1. Nous traduisons ainsi les mots : τὸ συμπαθείας ἤ τὸ παραδόσεως. Le texte de ce membre de phrase est évidemment altéré. Ne pouvant le corriger, M. Ad. Kirchhoff se borne à le retrancher.
  2. Porphyre cite souvent Cronius dans le De Antro nympharum. Voy. M. Vacherot, Hist. de l’École d’Alex., t. 1, p. 318.
  3. Voy. § 3.
  4. Eusèbe (Prépar. Évang., XI, 2, XV, 4-9 et 12-13) nous a conservé des fragments d’Atticus sur la différence des dogmes de Platon et d’Aristote. Voy. M. Vacherot, t. 1, p. 312-314.
  5. Voy. M. Ravaisson, Essai sur la Métaphysique d’Aristote, t. II, p. 294-319.
  6. Il y a dans le texte : ἀναγνωσθέτος δὲ αὐτοῷ τοῦ τε περὶ ἀρχῶν Λογγίνου, ϰαὶ τοῦ φιλαρχαίου, Creuzer sous-entend λόγου pour expliquer φιλαρχαίου et regarde ce mot comme le titre d’un livre : « Et vero si duo libri lecti erant, quorum allero De principiis rerum egerat Longinus, altero De antiquarum litterarum studioso, provocatum erat judicium Plotini, qui eum in philosophia certe platonica nihil posse pronuntiat, in litterarum disciplina plurimum. » Nous avons adopté cette interprétation. Sur Longin, Voy. M. Vacherot, t. 1, p. 355-360.