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PAR PORPHYRE.

Plotin fut longtemps sans rien écrire. Il se contentait d’enseigner de vive voix ce qu’il avait appris d’Ammonius. Il passa de la sorte dix années entières à instruire quelques disciples sans rien mettre par écrit ; mais comme il permettait qu’on lui fît des questions, il arrivait souvent que l’ordre manquait dans son école, et qu’il y avait des discussions oiseuses, ainsi que je l’ai su d’Amélius, qui se mit au nombre de ses disciples la troisième année du séjour de Plotin à Rome (c’était aussi la troisième année du règne de Philippe), et qui resta auprès de lui jusqu’à la première année du règne de Claude II, c’est-à-dire vingt-quatre ans ; il sortait de l’école de Lysimaque[1]. Amélius surpassait tous ses condisciples par son ardeur au travail : il avait copié, rassemblé et savait presque par cœur tous les ouvrages de Numénius[2] ; il composa cent livres des notes qu’il avait recueillies aux cours de Plotin, et il en fit présent à Hostilianus Hésychius d’Apamée, son fils adoptif[3].

IV. La dixième année du règne de Gallien, je partis de Grèce pour Rome avec Antonius de Rhodes[4]. J’y trouvai Amélius, qui depuis dix-huit ans assistait aux leçons de Plotin ; il n’avait encore osé rien écrire, si ce n’est quelques livres de ses notes, dont le nombre n’allait pas encore jusqu’à cent. En cette dixième année du règne de Gallien, Plotin avait cinquante-neuf ans. J’en avais trente lorsque je m’attachai à lui. Il commença, la première année de Gallien, à écrire sur quelques questions qui se présentèrent, et la dixième, qui est celle où je le fréquentai pour la première fois, il avait écrit vingt et un


    [de l’univers, c’est-à-dire l’Intelligence divine] est seul créateur [Démiurge]. » Origène pouvait avoir dans ce livre combattu les Gnostiques qui reconnaissaient plusieurs Démiurges, ou Numénius qui avait adopté la même opinion. Voy. M. Vacherot, t. I, p. 354.

  1. C’était un Stoïcien. Voy. plus loin § 20.
  2. Voy. sur Numénius M. Vacherot, ibid., t. I, p. 318-330, et M. Ravaisson, Essai sur la Métaphysique d’Aristote, t. II, p. 341-344.
  3. On trouve de nombreux fragments d’Amélius dans les écrits de Proclus, de Stobée, d’Olympiodore, de Damascius, et dans ceux des Pères de l’Église. Voy. M. Vacherot, t. II, p. 3-11.
  4. Porphyre vint deux fois Rome. Voy. § 5.