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PAR PORPHYRE.

se trouvait à Pouzzoles, fut quelque temps à venir le trouver (c’est lui-même qui me l’a raconté) ; Plotin lui dit : « Je vous attends ; je m’efforce de réunir ce qu’il y a de divin en nous[1] à ce qu’il y a de divin dans l’univers. » Alors un serpent qui se trouvait sous le lit dans lequel il était couché se glissa dans un trou de la muraille[2], et Plotin rendit l’âme. Il avait à cette époque soixante-six ans[3] au rapport d’Eustochius. L’empereur Claude II achevait la seconde année de son règne. J’étais alors à Lilybée ; Amélius se trouvait à Apamée en Syrie, Castricius à Rome ; Eustochius était seul près de Plotin. Si nous remontons depuis la seconde année de Claude II jusqu’à soixante-six ans au delà, nous trouverons que la naissance de Plotin tombe dans la treizième année du règne de Septime-Sévère. Il n’a jamais voulu dire ni le mois, ni le jour où il était né, parce qu’il ne croyait point convenable qu’on célébrât le jour de sa naissance, ni par des sacrifices, ni par des repas. Cependant il faisait lui-même un sacrifice et régalait ses amis les jours de naissance de Platon et de Socrate ; et il fallait que ces jours-là ceux qui le pouvaient composassent un discours pour le lire en présence de l’assemblée.

III. Voici ce que nous avons appris de lui-même, dans les diverses conversations que nous avons eues avec lui.

Il était déjà entre les mains d’un maître de grammaire et était arrivé à l’âge de huit ans, qu’il avait encore une nourrice dont il découvrait le sein pour téter avec avidité ; un jour elle se plaignit de son importunité, ce qui lui fit tant de honte qu’il n’y retourna plus. À partir de l’âge de vingt-huit ans, il se

    Porphyre a dédié son traité De l’Abstinence des viandes. Il avait écrit un Commentaire sur le Parménide de Platon (Fabricius, Bibl. Gr., t. III, p. 79, édit. Harles).

  1. Voy. le sens de cette expression expliqué dans l’Enn. VI, liv. v, § 1.
  2. D’autres écrivains racontent des fables semblables au sujet de personnages célèbres. Pline l’ancien, en parlant de Scipion le 1er Africain, dit : « Subest specus in quo manes ejus custodire draco dicitur. » (Hist. Nat. XV, 44). Ces serpents étaient regardés par les anciens comme de bons génies, ἀγαθοδαίμονες.
  3. Plotin naquit en 205, mourut en 270.