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CXXXI
DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE VIII-IX.


LIVRE VIII.
DE LA VUE.
Pourquoi les objets éloignés paraissent-ils petits[1] ?

Le seul lien qui existe entre ce livre et les précédents, c’est que Plotin y traite de la couleur en la considérant exclusivement comme une forme.

(§ I-II) D’où vient que les objets paraissent plus petits dans l’éloignement ? C’est que, lorsqu’un corps est près de nous, nous voyons quelle est son étendue colorée, et que, lorsqu’il se trouve éloigné, nous voyons seulement qu’il est coloré. L’étendue, étant liée à la couleur, diminue proportionnellement avec elle ; en même temps que la couleur devient moins vive, l’étendue devient moins grande, et la quantité décroît ainsi avec la forme.


LIVRE IX.
CONTRE LES GNOSTIQUES.[2]

(I-II) Il y a trois hypostases divines, l’Un ou le Bien, l’Intelligence, l’Âme universelle. — L’Un ou le Bien est, en vertu de sa simplicité même, le Premier et l’Absolu. On ne saurait donc distinguer en lui l’acte et la puissance [comme les Gnostiques ont distingué dans Bythos Ennoia et Thelesis[3]]. L’intelligence réunit en elle même, jusqu’à la plus parfaite identité, le sujet pensant, l’objet pensé et la pensée même. Il en résulte qu’on ne saurait admettre avec les Gnostiques l’existence de plusieurs Intelligences, dont l’une serait en repos et l’autre en mouvement, ou dont l’une penserait et l’autre penserait que la première pense [comme le Noûs et le Logos de Valentin[4]]. La Raison qui découle de l’Intelligence dans l’Âme universelle ne constitue pas non plus une hypostase distincte de l’Intelligence et de l’Âme et intermédiaire entre elles [comme le second Logos ou l’Éon Jésus de Valentin[5]]. — Enfin, l’Âme universelle, à laquelle notre âme est unie sans se confondre avec elle, contemple le monde intelligible, et, sans raisonner ni sortir d’elle même, embellit le monde sensible avec une admirable puissance en faisant rayonner sur lui la lumière qu’elle reçoit elle-même de l’Intelligence.

  1. Pour les Remarques générales, Voy. les Notes, p. 400.
  2. Pour les Remarques générales et les Éclaircissements auxquels ce livre donne lieu, Voy. les Notes placées à la fin du volume, p. 491-488.
  3. Ibid., p. 520-521.
  4. Ibid., p. 521-522.
  5. Ibid., p. 593.