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CXXIV
SOMMAIRES.

Le pneuma (esprit éthéré), qui entoure notre âme, a un mouvement circulaire comme le ciel ; mais ce mouvement est entravé par notre corps. Quand notre âme obéit à l’influence du désir et de l’amour, elle se meut elle-même, et, par une réaction naturelle, elle produit un mouvement dans le corps auquel elle est unie[1].


LIVRE III.
DE L’INFLUENCE DES ASTRES[2].

(§ I) Il est des hommes qui prétendent que les astres ne se bornent pas à annoncer les événements, mais que leur influence produit tout. Selon eux, pour expliquer tout ce qui arrive à un individu, il suffit de considérer dans le ciel cinq choses : les maisons, les signes du zodiaque, les planètes, les aspects et les étoiles[3].

(§ II-VII) Si les astres sont inanimés, ils ne peuvent exercer qu’une influence physique, par exemple, produire de la chaleur ou du froid. S’ils sont animés, ils doivent, en vertu de leur nature divine, ne pas nuire aux hommes qui n’ont rien fait pour s’attirer leur colère ; ils doivent encore, toujours en vertu de leur nature divine, n’éprouver aucune modification dans leur manière d’être par l’effet des aspects et des maisons. Les raisonnements que les astrologues font à ce sujet impliquent des contradictions étranges et conduisent à attribuer aux dieux les plus indignes passions.

En considérant l’Univers dans son ensemble, on voit qu’il constitue un vaste organisme, que tous les êtres sont des parties de ce Tout, et, par la sympathie qui les unit les uns aux autres, y constituent une harmonie unique. Les astres sont, comme tout le reste, subordonnés à la Puissance de l’Âme universelle qui gouverne l’Univers. En même temps qu’ils concourent par leur mouvement à la conservation de l’Univers, ils y remplissent un autre rôle : par les figures qu’ils forment, ils annoncent les événements en vertu des lois de l’analogie. La raison en est que, l’Univers étant un animal un et multiple, tout y est coordonné, tout conspire à un but unique ; par conséquent, en vertu de cette liaison naturelle, chaque chose est signe d’une autre[4].

  1. Sur le mouvement de l’âme humaine et du pneuma, Voy. p. 452-456. Les Kabbalistes ont admis aussi, comme Plotin, que l’âme est entourée d’un esprit éthéré : « Dans leur état primitif, dit l’un d’eux, les âmes humaines sont unies à des corps fins et éthérés, de nature céleste, qui ne sont pas perceptibles au sens de la vue. Dès lors les âmes ne s’en séparent plus, ni avant, ni pendant leur vie terrestre, ni après qu’elles ont quitté leur corps terrestre. » (G. Brecher, L’Immortalité de l’âme chez les Juifs, p. 136 de la trad. de M. Is. Cahen.)
  2. Pour les Remarques générales et les Éclaircissements sur ce livre, Voy. les Notes, p. 457.
  3. Pour l’exposition des principes d’astrologie judiciaire dont la connaissance est nécessaire à l’intelligence de cette discussion, Voy. p. 457-464.
  4. La doctrine de Plotin sur l’influence des astres peut se formuler ainsi : 1° Les astres indiquent les événements futurs en vertu de l’ordre général de l’univers ;ils n’exercent qu’une influence physique par leur corps ou sympathique par leur âme irraisonnable. Pour le développement de ces deux propositions et pour toutes les remarques auxquelles elles donnent lieu, Voy. p. 464-468.