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CXXIII
DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE II.

(VI-VIII) En examinant la nature des quatre éléments, on trouve que le ciel et les astres doivent être composés de feu, tandis que l’air, la terre et l’eau ne peuvent subsister que dans la région sublunaire[1]. Il en résulte que le ciel et les astres ont des corps immortels, parce qu’ils ont pour matière un feu incorruptible, et qu’ils reçoivent leur forme de l’Ame universelle qui leur imprime un mouvement circulaire dans une région parfaitement pure[2].


LIVRE II.
DU MOUVEMENT DU CIEL[3].

(§ I-III) Le mouvement circulaire du ciel est l’image du retour sur soi-même qui constitue la réflexion. Il résulte à la fois de la nature de l’Âme et de celle du corps : le mouvement propre à l’Âme, c’est de contenir ; le mouvement propre au corps, c’est de se transporter en ligne droite ; de ces deux mouvements combinés résulte le mouvement circulaire, dans lequel il y a tout à la fois translation et permanence, et qui est en harmonie parfaite avec la nature du feu céleste.

Le mouvement circulaire du ciel est aussi une conséquence de la nature des trois hypostases. On peut se représenter le Bien comme un centre, parce qu’il est le principe duquel tout dépend et auquel tout aspire ; l’Intelligence, comme un cercle immobile, parce qu’elle possède et embrasse le Bien immédiatement ; l’Âme, comme un cercle mobile, mû par le désir, parce qu’elle aspire m Bien qui est placé au-dessus de l’Intelligence. La sphère céleste, possédant l’Âme, qui aspire ainsi au Bien, aspire elle-même, comme le peut un corps, au principe hors duquel elle est, c’est-à-dire cherche à s’étendre autour de lui pour le posséder partout, par conséquent tourne et se meut circulairement[4]. Le mouvement circulaire, qui implique à la fois translation et permanence, est l’image du mouvement de l’Intelligence qui se replie sur elle-même.

  1. K. Steinhart dit, dans ses Meletemata plotiniana (p. 20-21), que Plotin s’écarte ici de la doctrine de Platon.
  2. Voy. dans les Notes, p. 446-447, ce que saint Augustin dit de cette théorie.
  3. Pour les Remarques générales et les Éclaircissements sur ce livre, Voy. les Notes, p. 449.
  4. Pour les rapports qui existent sur ce point entre la théorie de Plotin et celle d’Aristote, Voy. p. 449-451.