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CXIX
PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE VII-VIII.


LIVRE SEPTIÈME.
DU PREMIER BIEN ET DES AUTRES BIENS.

(§ I) Le premier bien est la vie ; le second, la vie intellectuelle. Au-dessus de ces deux espèces de biens, il y a le Bien absolu, qui est supérieur à l’action et à la pensée. Le Bien a pour essence la permanence : tout dépend de lui, tout aspire à lui, mais lui-même reste dans le repos, ne regarde ni ne désire aucune autre chose, parce qu’il ne dépend de rien.

(II) Toutes les autres choses se rapportent au Bien par l’Âme et par l’Intelligence. Ce qui est inanimé se rapporte à l’Âme, en reçoit l’être et la forme, et participe ainsi à l’unité. L’Âme, à son tour, reçoit sa forme de l’Intelligence, en tournant vers elle ses regards. Enfin, l’Intelligence reçoit elle-même sa forme du Bien qu’elle contemple.

(III) Il en résulte que l’existence n’est un bien qu’autant qu’elle se lie à l’exercice de l’intelligence. Or l’exercice de l’intelligence suppose la séparation de l’âme et du corps, soit par la philosophie, soit par la mort.


LIVRE HUITIÈME.
DE LA NATURE ET DE L’ORIGINE DES MAUX[1].

(I) Le Mal absolu, étant la négation de l’Être et de la Forme, ne peut être connu directement par lui-même. On ne peut le concevoir qu’indirectement, en se le représentant comme le contraire du Bien : d’où suit que pour déterminer la nature du Mal, il faut d’abord déterminer celle du Bien.

(II) Le Bien est le principe duquel tout dépend et auquel tout aspire ; il est complet et n’a besoin de rien[2]. De lui procède l’Intelligence suprême, dans laquelle le sujet pensant, l’objet pensé et la pensée ne font qu’une seule et même chose[3]. De l’Intelligence suprême procède l’Âme universelle qui la contemple. Ces trois hypostases sont complétement étrangères au Mal.

  1. Pour les Remarques générales et les Éclaircissements sur ce livre, Voy. les Notes, p. 427.
  2. Pour la théorie des trois hypostases, Voy. p. 321.
  3. Pour l’identité de l’Intelligence et de l’Intelligible, Voy. p. 249-251, 348-352.