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CXII
SOMMAIRES.

(IX) Considérée en elle-même, l’âme humaine est impeccable et infaillible ; si elle pèche ou si elle se trompe, c’est qu’elle cède aux passions et aux appétits de la nature animale[1] ou qu’elle est égarée par l’imagination sensible. Le caractère des faits qui se rapportent à la nature animale est de ne pouvoir se produire sans les organes ; le caractère des faits propres à l’âme est de n’avoir pas besoin du corps pour se produire[2]. La faculté essentielle et constitutive de l’âme, la raison discursive, est indépendante des passions : d’un côté elle perçoit les représentations sensibles, de l’autre elle s’exerce sur les pensées intuitives. (X) Nous désigne deux choses, ou l’âme avec la partie animale qu’elle illumine, ou la partie supérieure, l’homme, qui possède les vertus intellectuelles[3]. (XI) Les facultés qui appartiennent à la nature animale s’exercent dans l’enfance, mais l’intelligence illumine alors rarement l’âme humaine, parce qu’il faut réfléchir à ce qu’on possède en soi pour le faire passer de la puissance à l’acte[4].

Quant au principe qui anime la bête, c’est, ou la partie sensitive et végétative d’une âme humaine qui a péché (partie qui est seule présente dans le corps de la bête), ou une raison séminale qui procède de l’Âme universelle[5].

(XII) Si l’âme humaine pèche et en est punie en passant dans de nouveaux corps[6], c’est qu’au lieu de rester pure, elle est descendue dans un corps, et qu’elle a incliné vers lui en y produisant une image d’elle-même, image qui est l’âme irraisonnable ou nature animale. Elle ne possède plus alors que la vertu active tandis qu’en se tournant vers le monde intelligible elle possède la vertu contemplative, condition essentielle du bonheur[7].

  1. Voy. Séparation de l’âme et du corps, p. 383-384.
  2. Voy. p. 360, 362, 368.
  3. Voy. p. 381-400.
  4. Voy. p. 346-348.
  5. Voy. Nature animale dans la bête, p. 377-380.
  6. Voy. Métempsycose, p. 385-387, 454. K. Steinhart fait remarquer avec raison que, dans ce passage,
  7. Voy. p.415-417.