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LETTRES DE PLINE. LIV. I.

blante : Ce n’était pas à vous que je voulais nuire ; c’était à Metius Modestus. Remarquez, je vous prie, le caractère cruel de cet homme, qui ne craint pas d’avouer qu’il voulait nuire à un exilé ! Il ajouta, pour se justifier, une raison excellente. Modestus avait écrit une lettre, qui fut lue chez Domitien, et dans laquelle il disait : Regulus est le plus méchant des animaux à deux pieds. En effet, Modestus l’avait écrite. Notre conversation n’alla guère plus loin ; car je voulais me réserver la liberté entière d’agir comme il me plairait, quand Mauricus serait de retour. Ce n’est pas que j’ignore qu’il est assez difficile de perdre Regulus. Il est riche, il est intrigant : bien des gens le considèrent ; beaucoup plus encore le craignent ; et la crainte souvent a plus de pouvoir que l’amitié. Mais, après tout, il n’est rien que de violentes secousses ne puissent abattre : la fortune n’est pas plus fidèle aux scélérats, qu’ils le sont aux autres. Au reste, je le répète, j’attends Mauricus. C’est un homme grave, prudent, instruit par une longue expérience, et qui saura lire l’avenir dans le passé. Ses conseils me fourniront des motifs, ou pour agir, ou pour demeurer en repos. J’ai cru devoir ce récit à l’amitié qui nous unit : elle ne me permet pas de vous laisser ignorer mes démarches, mes discours, ni même mes desseins. Adieu.


VI.
Pline à Cornelius Tacite.

Vous allez rire, et je vous le permets : riez tant qu’il vous plaira. Ce Pline que vous connaissez, a pris trois