Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/455

Cette page n’a pas encore été corrigée

tus ? où trouver un plus parfait modèle de toutes les vertus antiques ? Et ces hautes qualités, je ne les connais pas seulement par sa réputation, qui, du reste, est aussi grande que méritée : j’en parle sur la foi d’une très-longue expérience. Nous avons toujours eu, nous avons encore pour amis communs, dans l’un et l’autre sexe, presque toutes les personnes distinguées de notre temps. Cette société d’amitié nous a très-étroitement unis. Les charges publiques ont encore resserré nos nœuds : vous savez, en effet, que le sort, comme s’il eût entendu mes vœux, me l’a donné pour collègue dans la charge de préfet du trésor et dans le consulat. C’est alors que j’ai connu dans tout leur éclat ses vertus et ses talens. Je l’écoutais comme un maître, je le respectais comme un père ; et en cela, j’accordais bien moins à son âge qu’à sa sagesse. Voilà ce qui m’engage à me réjouir, autant pour moi que pour lui, autant en public qu’en particulier, de ce qu’enfin la vertu ne conduit plus comme autrefois aux dangers, mais aux honneurs.

Je ne finirais point, si je m’abandonnais à ma joie ; je veux plutôt vous dire dans quelles occupations votre lettre m’a trouvé. J’étais avec l’aïeul, avec la tante paternelle de ma femme, et avec des amis que je n’avais point vus depuis long-temps ; je visitais mes terres ; je recevais les plaintes des paysans ; je lisais leurs mémoires et leurs comptes, en courant, et bien malgré moi, car je suis habitué à d’autres lectures, à d’autres écrits. Je commençais même à me disposer au retour : car mon congé est près d’expirer, et la nouvelle même de la charge accordée à Cornutus, me rappelle aux de-