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LETTRES DE PLINE. LIV. V.

satisfaire ; ou craignez que je n’arrache par des vers aigres et piquans[1], ce que des vers doux et flatteurs n’ont pu obtenir. Votre ouvrage est arrivé à son point de perfection ; la lime, au lieu de le polir, ne pourrait plus que le gâter. Donnez-moi le plaisir de voir votre nom à la tête d’un livre ; d’entendre dire[2] que l’on copie, qu’on lit, qu’on achète les œuvres de mon cher Suétone. Il est bien juste, dans notre mutuelle amitié, que vous me rendiez la joie que je vous ai donnée. Adieu.


XII.
Pline à Fabatus, aïeul de sa femme[3].

J’ai reçu votre lettre qui m’apprend que vous avez embelli notre ville d’un somptueux portique, sur lequel vous avez fait graver votre nom et celui de votre fils ; que le lendemain de la fête célébrée à cette occasion, vous avez promis un fonds pour l’embellissement des portes ; qu’ainsi la fin d’un bienfait a été le commencement d’un autre. Je me réjouis premièrement de votre gloire, dont une partie rejaillit sur moi, par notre alliance ; ensuite, de ce que la mémoire de mon beau-père soit assurée par de si magnifiques monumens ; enfin, de ce que notre patrie devienne chaque jour plus florissante : je vois avec plaisir tous les nouveaux ornemens qu’elle reçoit, de quelque main qu’ils viennent ; mais qu’elle les doive à Fabatus, c’est pour moi le comble de la joie.

  1. Que je n’arrache par des vers aigres, etc. Le texte dit, que je n’arrache par des scazons ce que les hendécasyllabes n’ont pu obtenir. D. S. — Les scazons étaient une espèce de vers consacrés à l’épigramme.
  2. D’entendre dire que l’on copie, qu’on lit, qu’on achète, etc. Je ne sais d’après quel texte De Sacy avait traduit ce passage. Il est presque inintelligible dans sa version, d’entendre dire que l’on copie, que l’on entende lire, qu’on lise, qu’on achète, etc. Le texte joint à cette traduction porte : patere audire describi, legi, venire volumina.
  3. Aïeul de sa femme. (Voyez iv, 1.)