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quatre chambres ; l’autre de trois, que le soleil, en tournant, échauffe de ses rayons, ou laisse dans l’ombre.

Devant ces bâtimens, si agréables et si bien disposés, est un vaste manége[1] ; il est ouvert par le milieu, et s’offre d’abord tout entier à la vue de ceux qui entrent. Il est entouré de platanes ; et ces platanes sont revêtus de lierre : ainsi le haut de ces arbres est vert de son propre feuillage ; le bas est vert d’un feuillage étranger. Ce lierre court autour du tronc et des branches, et s’étendant d’un platane à l’autre, les lie ensemble. Entre ces platanes sont des buis ; et ces buis sont par dehors environnés de lauriers, qui mêlent leur ombrage à celui des platanes. L’allée du manége est droite ; mais à son extrémité elle change de figure, et se termine en demi-cercle. Ce manége est entouré et couvert de cyprès, qui en rendent l’ombre et plus épaisse et plus noire. Les allées circulaires, qui sont en grand nombre dans l’intérieur, sont au contraire éclairées du jour le plus vif. Les roses y naissent de tous côtés, et les rayons du soleil s’y mêlent agréablement à la fraîcheur de l’ombre. Après plusieurs détours, on rentre dans l’allée droite, qui, des deux côtés, en a beaucoup d’autres séparées par des buis. Là, est une petite prairie ; ici, le buis même est taillé en mille figures différentes, quelquefois en lettres, qui expriment le nom du maître, ou celui de l’ouvrier. Entre ces buis, vous voyez s’élever tantôt de petites pyramides, tantôt des arbres chargés de fruits : à l’ouvrage de l’art se mêle tout à coup l’imitation de la nature simple et rustique. Un double rang de platanes peu élevés occupe le milieu.

Aux platanes succède l’acanthe flexible, serpentant de tous côtés, et ensuite un plus grand nombre de figures

  1. Un vaste manége. Le manége, ou hippodrome, était un endroit spacieux, ombragé, percé de chemins larges et demi-circulaires, où l’on prenait l’exercice du cheval ; quelquefois même on s’y faisait traîner en char par plusieurs chevaux.