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VIE DE PLINE LE JEUNE

raissait inévitable, que d’aller chercher un asile où il ne voyait pas sa mère en état de le suivre.

Enfin, les flammes s’arrêtèrent, les noires vapeurs commencèrent à se dissiper, le seul tremblement de terre continua, mais beaucoup moins violent ; et Pline, que le péril avait obligé de se sauver dans la campagne avec sa mère, rentra dans Misène.

Il y attendait avec impatience des nouvelles de son oncle. Dès qu’il en eut appris le triste sort, et qu’il eut donné à sa douleur, et à de justes devoirs, tout ce qu’ils lui demandaient, il retourna à Rome.

Cette perte le toucha plus qu’on ne peut dire ; mais il n’en fut point accablé. Destitué d’un tel appui, il ne songea plus qu’à s’en faire un qui ne pût jamais lui manquer. Des inclinations naturellement douces, et un amour excessif pour les lettres, semblaient l’engager à la retraite et au repos ; la vertu et la gloire remportèrent. Il croyait que la vie n’est point à nous ; que nous la devons à la patrie ; que nés dans une société dont nous voulons partager les douceurs et les avantages, nous sommes obligés d’y contribuer comme les autres ; que nous ne pouvons sans injustice rejeter sur eux tous les travaux d’où dépendent la sûreté et la tranquillité publique, et garder pour nous tout le plaisir d’en jouir. Il croyait honteux de se reposer avant que d’avoir travaillé ; il regardait le repos comme une récompense qu’il fallait avoir méritée, et où la nature défendait de prétendre avant le temps qu’elle a prescrit.

Plein de ces idées, il se tourna tout entier du côté des affaires publiques, et plaida sa première cause à dix-neuf ans. Il continua depuis avec une approbation aussi uni-