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paru de plus achevé dans ce genre, depuis quelques années, si je ne suis point ébloui par l’amitié que je lui porte, ou par les louanges qu’il me donne dans une de ses pièces : elle roule sur le caprice que j’ai quelquefois de faire des vers légers. Vous allez vous-même juger de mon jugement, si le second vers de cette pièce me revient ; car je tiens les autres. Bon ! le voilà revenu.

Ma muse enjouée et badine
Imite Catulle et Calvus[1] ;
Mais je veux n’imiter que Pline :
Lui seul les vaut tous deux, s’il ne vaut encor plus.
Qui sait mieux, dans un tendre ouvrage,
Parler un amoureux langage ?
Quoi ! ce Pline si sérieux Et si grave ?. . .
Oui, ce Pline, épris de deux beaux yeux,
Fait quelquefois des vers où règne la tendresse.
Il célèbre l’amour : Caton en fit autant.
Vous qui vous piquez de sagesse,
Refusez d’aimer maintenant[2].

Vous voyez quelle finesse, quelle justesse, quelle vivacité. Le livre entier est écrit dans ce goût. Je vous en promets un exemplaire dès qu’il aura vu le jour. Aimez toujours ce jeune homme par avance. Réjouissez-vous pour notre siècle, illustré par un esprit si rare, qu’accompagnent d’ailleurs toutes les vertus. Il passe sa vie tantôt auprès de Spurinna, tantôt auprès d’Antonin, allié de l’un, intime ami de tous les deux. Jugez par là du mérite d’un jeune homme, qui est tant aimé de vieillards si vénérables. Car rien de plus vrai que la maxime du poète :

On ressemble toujours à ceux que l’on fréquente[3].

Adieu.

  1. Calvus. Voyez liv. i , 2, note 4 '.
  2. Il célèbre l’amour, etc. L’avant dernier vers est différent dans la plupart des éditions : Ille, o Plinius, ille quot Catones. J’aime autant la leçon suivie par De Sacy dans sa traduction. Quant au dernier vers, qui est ainsi présenté dans le texte choisi par l’éditeur de la traduction, I nunc qui sapias, amare noli, j’ai dû le changer, parce que sapias contrarie la mesure. Il paraît cependant que c’est d’après cette leçon défectueuse que De Sacy a traduit.
  3. On ressemble toujours, etc. Euripide, Phæn.