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VIE

DE PLINE LE JEUNE


Pline le Jeune naquit à Côme, ville d’Italie, dont les citoyens jouissaient des mêmes priviléges que ceux qui étaient nés à Rome. On ne sait pas trop quels emplois avait exercés C. Cécilius, son père ; mais on ne peut douter que son rang et sa fortune ne fussent considérables, puisqu’il avait épousé la sœur de Pline le naturaliste, homme très-riche, et qui avait passé par de grandes charges ; qu’il fit élever Pline le Jeune comme on élevait la plus illustre noblesse romaine de ce temps-là, et qu’il lui laissa de grands biens.

Quoique l’éloquence et la vertu commençassent à être négligées dans un état où elles ne conduisaient plus aux honneurs, cependant ce qui restait de vrais Romains avait peine à s’en détacher. On ne s’était point alors avisé qu’il fût honteux à un homme de condition de trop savoir ; une profession ouverte de vice et de débauche n’anoblissait encore personne. On se souvenait que le premier des Césars n’avait pas été moins savant que brave. Enfin, si le mérite n’avait pas le crédit d’élever, du moins on n’était point parvenu jusqu’à le mépriser. La servitude et la flatterie, qui traînent toujours à leur suite l’ignorance et les plus honteux déréglemens,