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XVII. - Pline à Gallus.

Vous m’avertissez que C. Cécilius, consul désigné, poursuit en justice Corellia, absente en ce moment de cette ville ; et vous me priez de la défendre. Je vous remercie de l’avis ; mais je me plains de la prière. Je dois être averti, pour savoir ce qui se passe ; mais on ne doit pas me prier de faire ce que je ne puis, sans déshonneur, me dispenser de faire. Balancerais-je à me déclarer pour la fille de Corellius ? Il est vrai que je suis lié d’amitié avec son adversaire ; non pas intimement lié, mais enfin lié d’amitié : il jouit, je le sais, d’une grande considération, et la dignité qui l’attend exige de moi d’autant plus d’égards, que j’en ai été revêtu moi-même : car il est naturel de vouloir élever, dans l’opinion publique, les honneurs que l’on a possédés. Mais toutes ces raisons s’évanouissent, quand je songe que je vais défendre la fille de Corellius.

J’ai sans cesse devant les yeux ce grand homme, qui ne le cédait à personne de son siècle en sagesse, en vertu, en finesse d’esprit. Mon attachement pour lui naquit de l’admiration qu’il m’avait inspirée ; et il arriva, contre l’ordinaire, que je l’admirai bien plus encore, quand je vins à le mieux connaître. Je puis dire que je l’ai connu ; car il n’avait pour moi aucune pensée secrète. Il partageait avec moi ses amusemens, ses affaires, sa joie, ses peines. J’étais encore tout jeune, et il avait pour moi,