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si vous avez quelque estime pour Tacite et pour moi, vous ne pouvez en refuser à Rufus. Il a plusieurs enfans ; car il a compté, parmi les obligations d’un bon citoyen, celle de donner des sujets à l’état ; et cela, dans un siècle où il est si avantageux de n’avoir pas d’enfans, que l’on ne veut pas même un fils unique[1]. Ces honteux bénéfices l’ont peu tenté ; jusque là, qu’il n’a pas craint le nom d’aïeul. Il a des petits-fils de Saturius Firmus, son gendre, homme que vous aimerez autant que je l’aime, quand vous le connaîtrez autant que je le connais.

Vous voyez quelle nombreuse famille vous obligerez à la fois par une seule grâce. Cette grâce, nous avons été conduits à vous la demander, d’abord par un vœu que nous formons, ensuite par je ne sais quel espoir de le voir accompli. Nous vous souhaitons, et nous espérons pour vous le consulat, la prochaine année. Nos augures, nos garans sont vos vertus, et le discernement du prince.

Les mêmes raisons vous donnent pour questeur Asinius Bassus, l’aîné des fils de Rufus. C’est un jeune homme. . . . je ne sais ce que je dois dire : le père veut que je dise et que je pense que son fils vaut mieux que lui ; la modestie du fils me le défend. Quoique vous n’hésitiez jamais à me croire sur parole, vous lui croirez difficilement, sur ma seule assurance, l’habileté, la probité, l’érudition, l’esprit, l’application, la mémoire, que l’expérience vous fera découvrir en lui. Je voudrais que notre siècle fût assez fécond en vertus, pour qu’on pût trouver un jeune homme, digne d’être préféré à Bassus : je serais le premier à vous avertir, à vous presser d’y re-

  1. Où il est si avantageux, etc. On entendait par orbitatis prœmia les déférences, les flatteries et les présens, par lesquels les coureurs d’héritages tâchaient de s’assurer la succession des personnes riches et sans enfans.