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pendant elle lui laisse un legs[1] en ces termes : Je lègue à Modestus, a qui j’ai déjà donné la liberté. Vous me demandez mon avis. J’ai consulté des gens habiles. Tous prétendent que nous ne devons à cet esclave, ni la liberté, parce qu’elle ne lui a point été donnée, ni le legs qu’on lui a fait, parce qu’il est fait à un esclave. Mais moi, je ne doute pas que Sabine ne se soit trompée ; et je suis persuadé que nous ne devons pas hésiter à faire ce que nous ferions, si elle avait écrit ce qu’elle croyait écrire. Je m’assure que vous serez de mon sentiment, vous qui faites profession d’être religieux observateur de la volonté des morts : elle tient lieu de toutes les lois du monde à de dignes héritiers, dès qu’ils la peuvent entrevoir. L’honneur n’a pas moins de pouvoir sur des personnes comme nous, que la nécessité sur les autres. laissons donc Modestus jouir de la liberté ; laissons-le jouir de son legs, comme s’il lui avait été assuré par les précautions que la loi exige. C’est les prendre toutes, que de bien choisir ses héritiers. Adieu.

XI. - Pline à Minucianus.

Avez-vous ouï dire que Valerius Licinien enseigne la rhétorique en Sicile ? J’ai peine à croire que vous le sachiez ; car la nouvelle vient d’arriver. Après avoir été préteur, il occupait, naguère encore, le premier rang au barreau. Quelle chute ! de sénateur, le voilà exilé ! d’avocat, le voilà rhéteur ! Lui-même dans son discours

  1. Et cependant, etc. Les esclaves ne pouvaient rien recevoir par testament ou par donation.