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V. - Pline à Sparsus.

ON dit qu’un jour Eschine lut sa harangue et celle de Démosthènes aux Rhodiens qui l’en priaient, et que l’une et l’autre excitèrent de grandes acclamations. Les applaudissemens qu’ont reçus les ouvrages de ces illustres orateurs ne m’étonnent plus, depuis que, dernièrement, lisant un de mes écrits devant une réunion de gens instruits, j’ai trouvé le même empressement, la même approbation, la même constance pendant deux jours de suite. Cependant, pour exciter leur attention, je n’avais pas le charme secret qui se trouve dans le parallèle de deux ouvrages rivaux, dans l’espèce de combat qu’ils se livrent et qui captive l’auditeur. Outre le mérite des deux discours, les Rhodiens étaient encore animés par le plaisir de les comparer. Le mien a su plaire, quoique privé de ce dernier attrait. Est-ce avec justice ? vous en jugerez, quand vous aurez lu cet ouvrage, dont la longueur ne souffre pas une plus longue préface. Il faut que ma lettre soit courte, puisque je puis la faire telle, pour mériter du moins que Vous m’excusiez d’avoir donné à mon ouvrage une étendue, qu’exigeait au reste la nature du sujet. Adieu.